Gaspar relancerait bien ses chars sur la piste du carnaval
insertion: L'association basée à Berthe, fragile financièrement, multiplie les initiatives et rêve de prendre part au retour d'un carnaval
Photo : doc Rina Uzan
Quand l'animation servait l'insertion, le carnaval mené par Gaspar amenait chaque année de la joie dans une ville endeuillée par la disparition des chantiers navals. Ici la dernière édition, en mai 2001.
Les Seynois ont tous en mémoire les défilés de chars qui se frayaient difficilement un chemin de Berthe au centre-ville au milieu d'une foule compacte. C'était le carnaval de la ville, « pas celui de Gaspar (1). Nous l'organisions, mais son succès était tel qu'il appartenait à toute la population ». Roland Bonnefoi, directeur de l'association depuis 1989, en garde un souvenir ému, celui de « l'apogée » de cette association. Le dernier Caramantran est parti en cendres en 2001...
Depuis, l'association d'insertion à l'origine de ces grandes heures festives a connu bien des tourments. « En 2005, on a frôlé la disparition pure et simple de Gaspar, alors en proie à de graves problèmes financiers. Depuis, trois emplois sur huit ont été supprimés, et nous remboursons nos dettes à hauteur de 18 000 euros par an », explique le directeur. « Aujourd'hui, les budgets sont propres, mais nous sommes encore fragiles et les délais d'attribution des subventions perturbent parfois le fonctionnement. Par ailleurs, la crise en cours est inquiétante pour le monde associatif. Nous nous savons soutenus par la municipalité, mais nous connaissons aussi ses difficultés financières... »
Surfant tout de même sur sa solide réputation, Gaspar est depuis des années sollicitée par de nombreuses communes voisines (La Garde, Toulon, Six-Fours, Aix-en-Provence, Cogolin, etc.) et quelques entreprises. Chaque année, la fête de la Saint-Jean, à laquelle elle participe, rassemble tout le quartier Berthe.
De nombreux projets en tête
La structure, comme Caramantran tous les ans, renaît toujours de ses cendres, et reste présente sur plusieurs fronts. Aujourd'hui, une trentaine de personnes prend part aux chantiers d'insertion. En ce moment même, les équipes travaillent sur la fabrication de décors pour le village des automates de Saint-Cannat.
Gaspar vend ses statuettes (personnages et objets de crèches, buste de Johnny, Gainsbourg, Jean Paul II, Bob Marley, etc.) jusque sur le marché nocturne estival de Sanary, et a ouvert récemment une boutique à l'ancienne gare routière (route de Toulon), où elle loue ses 400 costumes. L'association, qui fête ses vingt ans, a de nombreux projets en tête. L'ouverture d'une boutique à Toulon, une grande fête du vent aux Sablettes, des représentations de miniatures mécaniques sur le thème des fables de La Fontaine...
L'accord de principe de Marc Vuillemot
Loin des turpitudes sonnantes et trébuchantes, Gaspar rêve d'un retour du carnaval qui a fait ses grandes heures. « Nous serions heureux de prendre part à cette nouvelle aventure, même sans en être les coordinateurs mais un partenaire, ou un prestataire », observe le directeur.
Les services municipaux auraient déjà rencontré les dirigeants associatifs concernés. « J'ai donné mon accord de principe pour le retour du carnaval, dans la limite de sa faisabilité financière », explique ainsi le maire Marc Vuillemot.
« Après une telle interruption, on ne remet pas facilement en place une telle tradition. Ceci dit, nous avons l'envie, nous sommes prêts, si on nous le demande, à travailler en équipe, à réinventer le carnaval de La Seyne. Le compte à rebours est déjà bien entamé si l'on veut mettre en place une édition en 2009 », précise, enthousiaste, Roland Bonnefoi, qui n'en est plus à un défi relevé près.
1. « Groupement d'Associations Pour l'Animation et la Réalisation de projets. »
var matin
