Subsister seul avec moins de 650 euros par mois
Solidarité A l'approche des fêtes, la municipalité distribue environ 400 colis de Noël aux personnes âgées les plus démunies. Certaines vivent isolées. Témoignages
Photo : Dominique Leriche
La municipalité distribuait, hier, des colis de Noël aux personnes âgées qui vivent avec moins de 648 euros par mois ou les couples avec moins 1 298 euros de ressources mensuelles.
Marie est âgée de 77 ans. Chaque mois, elle doit se débrouiller pour vivre avec seulement 550 euros. En 2008, le seuil de pauvreté pour une personne vivant seule en France a été fixé à 817 euros. C'est presque 300 euros de plus que ses revenus. Comment fait-elle ?
« Je me prive. Je ne mange pas tous les jours à ma faim. J'ai banni la viande et le poisson. Je mange des pommes de terre. Je ne peux pas faire autrement », explique résignée, la vieille dame handicapée à 80 %. « J'ai des habits qui datent de cent ans. Pour m'en sortir, je vais dans les supermarchés les moins chers. Je n'ai pas l'argent pour faire une prothèse dentaire. Je paye en dix fois mon appareil auditif. Une fois que j'ai tout réglé, il ne me reste rien », raconte cette veuve qui vit dans un HLM à la Présentation.
140 personnes recensées par la municipalité
Marie n'est pas la seule à être âgée, démunie et isolée. La municipalité seynoise a dénombré plus de 140 personnes qui ont plus de 65 ans, et vivent avec moins de 648 euros par mois (seuil du minimum vieillesse).
Ce nombre n'est pas du tout exhaustif. « Il s'agit seulement des personnes qui ont répondu à nos courriers et qui ont fait la demande pour nos colis », explique une responsable du service municipal du troisième âge.
C'est le cas d'Antoinette, 88 ans. Elle est venue chercher, hier à la bourse du travail, un des paquets gourmands offerts par la Ville. Champagne, vin blanc, foie gras, chocolat... À l'intérieur, il y a de quoi faire un vrai repas de réveillon.
Si le présent fait plaisir à Antoinette, la perspective des fêtes ne l'enchante pas. « Je passerai Noël seule. Ma fille vit à Narbonne, elle ne viendra pas. Et puis je n'ai pas envie de faire la fête », avoue l'octogénaire. « Je viens de perdre mon petit-fils d'une rupture d'anévrisme. Il avait 29 ans », confie-t-elle.
Près de quarante ans d'un labeur non déclaré
Depuis que son mari est décédé, il y a dix-huit ans, cette veuve d'artisan habite toute seule dans un appartement du quartier du Pas-du-Loup. Antoinette a travaillé pendant près de 40 ans dans le Jura. Quarante années d'un labeur non déclaré. Alors aujourd'hui, comme beaucoup de femmes dans son cas, elle ne touche que la moitié de la pension de son mari. « C'est dérisoire, explique-t-elle, les politiques n'ont jamais rien fait pour les commerçants, heureusement, j'ai la chance de ne pas payer de loyer. J'ai acheté mon appartement grâce la vente de notre ancienne maison au Beausset. Et depuis, je vis avec le reste de cet argent. Mais ça s'amenuise », s'inquiète Antoinette.
« Avec cette traditionnelle distribution, vieille comme Hérode, explique l'adjointe aux solidarités, Solange Andrieu, la Ville maintient le contact avec ses personnes âgées les plus démunies ». Et leur offre malgré leurs difficultés de quoi fêter dignement Noël.
source: Olivier Marino - var matin