Population : gagner des habitants, c'est gagner de l'argent
Les chiffres de l’Insee permettent d’obtenir des équipements et des aides de l’État
Toutes les grandes villes de Provence ont le sourire. À l’exception de La Seyne-sur-Mer dans le Var, elles ont gagné des habitants entre 1999 et 2006, selon les chiffres du recensement que l’Insee vient de rendre publics.
Or, l’évolution des dotations et concours financiers de l’État (une enveloppe de 40,8 milliards d’euros) dépend directement de celle de la population communale. Selon les cas, un habitant de plus rapporte entre 60 et 120 euros par an, qu’il s’agisse d’un nouveau venu qui vient de s’installer ou d’un bébé.
"Pour 2009, l’État a prévu une dotation spéciale de 127 millions d’euros pour tenir compte de la hausse de la population française, explique Jean-Claude Gondard, le secrétaire général de la Ville de Marseille. Une partie nous reviendra puisque nous avons gagné 40 000 habitants".
Autre intérêt, des négociations facilitées avec les banques, comme l’assure Guy Morin, le maire divers droite de Valréas (Vaucluse) : "Nous venons de franchir la barre des 10 000 habitants. Aussi, au niveau de l’emprunt, les contrats avec les organismes financiers deviendront plus intéressants".
Peu connues, les barrières démographiques sont une des clefs du fonctionnement de l’administration française. Le ministère de l’Intérieur a répertorié une trentaine de seuils, de 100 à 500 000 habitants, avec pas moins de 351articles de loi qui accordent ou non un équipement en fonction de la population. Pour créer une pharmacie, il faut au moins 2 500 habitants. Ouvrir un commissariat, plus de 10 000. Une aire de repos pour les gens du voyage, plus de 5 000.
Conséquence, les maires attendaient avec impatience les chiffres de l’Insee. Si les Provençaux sont rassurés, d’autres font grise mine en France, comme les élus de Caen (Calvados) qui devront composer avec une baisse de 600 000 euros des aides de l’État. Surtout, en fournissant désormais des résultats de population annuels, l’Insee en inquiète beaucoup : "Il y a un risque d’effet yo-yo, explique le député UMP Philippe Gosselin qui a rédigé un rapport d’information parlementaire. Une année au-dessus du seuil, une année en dessous, cela va être un vrai casse-tête pour les maires…"