L'arrêt de la ligne vers Rome déstabilise l'économie locale
Photo : archive Rina Uzan - Selon la CCIV, l'autoroute de la mer Brégaillon - Rome est une illustration concrète des engagements gouvernementaux du Grenelle de l'environnement. La chambre de commerce espère retrouver son client dans les meilleurs délais et se dit confiante dans le potentiel du trafic portuaire.
L'annonce surprise, hier, de la suspension de la liaison maritime entre Brégaillon et Rome fait tanguer l'économie portuaire de la rade. La municipalité seynoise s'inquiète déjà des « conséquences immédiates » sur l'emploi local de la décision prise par Grimaldi, l'opérateur de la ligne.
Dockers, transporteurs maritimes, agents portuaires... dans le port de commerce de Brégaillon environ 190 personnes travaillent sur cette « autoroute de la mer ».
Officiellement, cette suspension est une conséquence directe de la crise actuelle. La chambre de commerce et d'industrie du Var, qui regrette cette décision, évoque un déficit de remplissage de la ligne, majoritairement constitué du trafic de véhicules neufs.
La ligne ne serait plus en équilibre
Difficile d'avoir plus d'explications de la part de la compagnie Grimaldi. Le directeur de la ligne, Paul Kyprianou, était hier injoignable.
Mais une source anonyme, proche de l'entreprise, confirme les difficultés financières de Grimaldi : « La ligne n'est plus en équilibre. L'entreprise perd de l'argent mais je ne pense pas que la volonté de Grimaldi soit d'arrêter complètement la liaison. L'idée, c'est plutôt de laisser passer la tempête... »
Cette décision prise, a priori de manière unilatérale, ne fait pas que des heureux. « Ce n'est pas une bonne nouvelle. Nous regrettons vraiment de l'apprendre du jour au lendemain et d'être mis devant le fait accompli », vitupère un responsable de la société Gefco SA qui préfère également rester anonyme. La filiale transport du groupe PSA Peugeot Citroën fait transiter dans les deux sens près de 25 000 voitures neuves par an. « Malgré la crise, nous continuons d'acheminer des véhicules. Maintenant, nous allons devoir dérouter nos voitures. À terme, si la situation perdure nous devrons trouver d'autres solutions car ce n'est pas pour ça que la liaison s'arrête », explique le cadre de la filiale seynoise qui pointe en filigrane le sujet sensible des subventions européennes. La fin des aides de l'UE
raison de la suspension ?
La société Grimaldi a bénéficié pendant plusieurs années d'aides financières de la part de l'Europe pour développer cette rotation, symbole d'un nouveau mode de transport.
Une véritable autoroute de la mer, fierté du port de Brégaillon.
Aujourd'hui, la crise économique et la fin de ces aides auraient précipité la décision de suspendre la ligne. « Si cette réalité est avérée. S'il est confirmé que la compagnie a bénéficié d'appuis européens et qu'aujourd'hui, elle décide d'arrêter la ligne et de changer ses activités, elle ferait preuve, dans le contexte actuel, d'une réelle malhonnêteté morale et sociale », lançait hier au conditionnel le maire de La Seyne. Marc Vuillemot, qui veut tirer l'histoire au clair, a promis de saisir Jacques Barrault sur la question. L'ancien commissaire européen français aux transports (aujourd'hui à la justice) s'était rendu à La Seyne, il y a quelques semaines... Affaire à suivre.
source: Olivier Marino - var matin