Passeports biométriques : plus chers pour tous
À ce prix-là, il faut espérer que l'État sait ce qu'il fait, et que les faussaires s'y casseront vraiment les dents... Le passeport biométrique devient obligatoire à partir du 28 juin, conformément à un accord européen. Il contiendra évidemment vos nom, prénom, adresse et photographie, mais aussi l'empreinte numérisée de vos doigts (pouces exceptés).
La Seyne fait partie des deux mille communes françaises sélectionnées par l'État pour accueillir les stations d'enregistrement des données. « Avant le mois de juillet, nous accueillerons trois machines en mairie », observe ainsi Patrick Valle, adjoint au personnel et à l'état-civil.
L'an passé, 3 150 passeports ont été délivrés aux Seynois et Mandréens. Un vrai service public. Mais cette nouveauté n'est pas vraiment accueillie les bras grands ouverts en mairie...
« Non seulement les citoyens vont payer plus chers leurs titres, mais en plus les contribuables vont le payer une deuxième fois, car cette installation n'est pas sans conséquence sur les finances », ajouté l'élu.
Quinze mètres carrés pour une station
L'État met à disposition des communes les machines - des ordinateurs équipés de scanners - et « défraye » les municipalités à hauteur de 5 000 euros par an et par station. « Dans un premier temps, l'État proposait "royalement" 3 200 euros, mais la levée de boucliers a été telle qu'il a revu sa participation à la hausse. Ceci dit, c'est encore très loin d'être suffisant... »
Pour faire fonctionner ce service, la mairie doit dégager une quinzaine de mètres carrés par station, afin de protéger la confidentialité des citoyens. « Nous avons pour cela dû déplacer certains services, notamment en rez-de-chaussée. »
Mais c'est surtout en matière de personnel que les comptes sont faussés, selon la municipalité.
« Pour trois stations fonctionnant à plein-temps, en incluant les repos et congés du personnel, il faut compter cinq personnes, estime Patrick Valle. Bien sûr, la mairie recevait déjà des demandes de passeport, mais les employés n'étaient pas affectés qu'à cette tâche exclusive. Par ailleurs, l'acquisition des pièces, données et empreintes digitales est très chronophage. »
L'élu fait donc un rapide calcul : « Globalement, en comptant 2 000 euros le mètre carré de surface commerciale, on atteint déjà 90 000 euros. Ensuite, un employé coûte charges comprises plus de 20 000 euros annuels. »
La mairie estime donc que ce nouveau service n'est « financièrement pas dans les clous. Nous avons d'ailleurs écrit une lettre au préfet pour lui faire remarquer ».
Si la commune espère que l'État rendra une copie « plus juste », elle ne compte pas faire obstruction au système. « Si les machines sont livrées dans les temps, les Seynois et tous les autres (1) pourront faire réaliser leur passeport biométrique avant juillet. Que nous le voulions ou pas, c'est la loi ! »
1. Ce service n'est pas réservé aux résidants de la commune. Les estivants français, par exemple, pourront en profiter cet été.
Robert Bénéventi : « Un service que l'on tient à rendre »
Alors qu'à La Seyne, on se plaint d'un service trop coûteux, la commune voisine d'Ollioules a eu la démarche opposée. Le maire Robert Bénéventi a dû solliciter le préfet pour que ses services bénéficient d'une station d'enregistrement de passeports biométriques.
« Nous délivrons chaque année 700 à 800 passeports, explique ainsi le maire. Ce chiffre nous est apparu assez important pour justifier la présence d'une machine. Ce qui nous a surtout motivés est la volonté de rendre ce service aux Ollioulais. Je me voyais mal leur dire d'aller à La Seyne, Sanary ou Toulon... Nous pourrons aussi accueillir les habitants d'Évenos ou encore de l'ouest de Toulon. De plus, c'est l'un des rares services pour lequel l'État offrait un petit dédommagement. »
Le sujet a d'ailleurs fait l'unanimité lors de son passage en conseil municipal.
source: var matin
