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Nicky
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Date du message : lundi 13 juillet 2009 à 00h14


Les préretraités amiante demandent justice


Photo : So. B.
Henri Tite-Grés (premier à gauche), président de la Mutuelle de la Méditerranée, consulte les dossiers qui vont passer en audience lundi prochain, en présence de trois des salariés concernés.
A l'échelle de la région Paca, l'audience programmée lundi prochain devant les Prud'hommes de Toulon est une première.

Une salve de 17 dossiers sera examinée et ce ne sont que les premiers d'une longue liste. « Nous demandons que les préretraités amiante puissent bénéficier du paiement intégral de leur salaire. Aujourd'hui, ils perdent 35 % de revenus. C'est un manque à gagner très important », résume Henri Tite-Grés, président de la Mutuelle de la Méditerranée, fer de lance seynois dans la défense des droits des « travailleurs de l'amiante ».

« D'ici la fin de l'année, 200 dossiers seront déposés et les prud'hommes nous ont déjà fixé cinq dates d'audience ». En tout, 56 personnes verront leur cas défendu dans les prochains mois, mais ce n'est qu'une goutte d'eau au regard du nombre de dossiers potentiels : « Nous avons recensé 2 500 dossiers, dont certains ont été déposés devant le tribunal administratif de Toulon ».

L'instance judiciaire est différente selon que les salariés travaillaient pour une entreprise privée (par exemple les chantiers de La Seyne) ou pour DCN (établissement d'État à l'époque).

Appel au rassemblement

Dans le même temps, le collectif Amiante de la Mutuelle de la Méditerranée appelle à un rassemblement, le matin même, devant le conseil des prud'hommes (1).

« Ce rassemblement est très important, non pas pour perturber le déroulement de l'audience, mais pour montrer combien les gens sont concernés », insiste Henri Tite-Grés. « J'espère que, malgré les grandes vacances, nous aurons une forte mobilisation ».

Sur le plan judiciaire, les prud'hommes de Bergerac avaient montré la voie, en accordant des réparations à des salariés en préretraite amiante. Décision confirmée, en appel, en avril dernier. Les salariés avaient obtenu des dommages et intérêts pour « perte de chance ». Un ancien laborantin avait obtenu 40 000 euros, au vu de « la possible réduction de l'espérance de vie », selon les termes du jugement, qui pointe « la légèreté de l'employeur dans la mise en oeuvre de son obligation de sécurité ».

Vivre avec la peur

L'incertitude. Voilà justement ce qui traumatise nombre d'anciens salariés. Roger Fourny peut en témoigner. Monteur sur machines aux chantiers pendant 18 ans, il a bénéficié de cinq ans de préretraite amiante (2). Mais il n'a pas l'esprit tranquille.

« J'ai des copains qui ont fait des échographies, mais moi, je ne veux pas savoir. De toute façon, on ne peut pas faire machine arrière ». Un comportement de déni qui n'est pas isolé.

Gérard Roman, préretraité de 56 ans et ancien charpentier tôlier, ne cache pas son émotion. Lui, passe de nombreux contrôles médicaux. « Parfois, j'ai peur de ne pas arriver à la retraite. C'est un poids sur toute ma vie. Tous les jours, des proches parents, des copains qui n'avaient rien, tombent malades ». Alors forcément, « le moins qu'ils puissent faire, c'est nous dédommager ».

Tous ont travaillé dans des locaux confinés, où l'amiante était découpé, percé, cousu et volait dans l'air ambiant. « Quand on a su que c'était cancérigène, c'était trop tard, on en a tous respiré », confie Roger Favalli, ancien électricien de bord.

« Non seulement la réparation sanitaire ne pourra jamais se faire, mais en plus notre salaire est tronqué de 35 %. On est sous le coup d'une double peine ».

Pour la première fois lundi prochain, les juges écouteront les témoignages de ces anciens des chantiers.

1. Rendez-vous à 8 h, avenue Lazare-Carnot, près du palais de justice de Toulon.
2. Selon le calcul suivant : trois années d'exposition à l'amiante donnent droit à un an de préretraite avant l'âge légal.
source: sonja bonnin - var matin

...cordialement...Nicky...