Ils s'engagent contre les expulsions locatives
Photo : D. L.
« On a fait du logement une marchandise » clament haut et fort les responsables associatifs, syndicaux, et représentants des locataires.
Il ne faut pas y voir une simple prise de position de principe, mais bien davantage un véritable combat qu'engagent aujourd'hui organisations syndicales, monde associatif et associations de locataires : alors que le calendrier vient de sonner la fin de la trêve hivernale en matière d'expulsions, la défense des locataires hantés par le spectre de l'huissier s'organise.
« En 2008, 11 000 personnes ont été expulsées au niveau national », explique le président de la Confédération nationale du logement (CNL) Paca, Hervé Cortillet. Et personne à La Seyne n'a oublié le triste spectacle offert, à l'automne dernier, lorsque le scénario se produisait au coeur de Berthe.
Pour ne plus assister à tel désoeuvrement, les associations réunies au coeur de ce collectif 2010 entendent tirer la sonnette d'alarme, interpeller les pouvoirs publics, les politiques pour « la mise en place d'une commission départementale de prévention contre les expulsions ».
Trouver des réponses humaines
« Les difficultés de paiement des loyers ne touchent pas seulement le logement social, explique en substance Jean-Louis Hauron, membre départemental du bureau de la CGT. Aujourd'hui, un jeune couple qui gagne le Smic éprouve de grandes difficultés à se loger » car pas éligible au logement social et... Pas assez aisé financièrement pour se tourner vers le privé (1). D'y pointer la « surenchère » des prix, les congés pour vente et autres « vrais faux » congés pour reprise : « Certains propriétaires font effectivement jouer le droit aux congés pour reprise, et occupent les lieux quelques mois avant de remettre le bien à la location en ayant pris soin d'augmenter les loyers... », s'indigne Hervé Cortillet.
« Aujourd'hui, le logement est devenu une marchandise », analyse Jean-Louis Hauron, qui pointe l'urgence de la situation : « Les victimes de la crise économique sont aujourd'hui les premières victimes de la crise du logement... » Un paradoxe pour le collectif « Quand on sait le nombre de logements vacants, aussi bien dans le parc privé que public. »
« Mettre à la porte des gens qui, frappés par la crise, le chômage, ne parviennent plus à payer leur loyer n'est pas la solution, et cela ne réglera pas la situation des gens déjà en grande difficulté. »
D'appeler les pouvoirs publics à « examiner, à nos côtés, toutes les situations d'urgence » afin « d'apporter des solutions humaines et des réponses adaptées. »
Un moratoire anti-expulsions est en cours de rédaction et sans doute sera-t-il présenté au préfet du Var comme aux président du conseil général, de l'agglomération etc. Des demandes d'entrevue ont été formulées en ce sens. En parallèle, une pétition est en cours d'élaboration. « Nous devrons la faire signer par le plus de monde possible ». Voilà pour les premières actions décidées lors de la première réunion du collectif jeudi, dans les locaux de la CNL à La Seyne.
Mobilisation le moment venu
Mais plus encore, le collectif entend s'opposer « physiquement » si nécessaire, à toutes les expulsions. « Nous ne pouvons laisser faire » clament en substance, les membres du collectif.
Appel est lancé aux amis, aux voisins des familles en difficulté, sous le coup d'une expulsion. « Que les gens nous alertent (2) », lançait encore Jean-Louis Hauron. Car bien souvent, « Les personnes sous le coup d'une expulsion refusent d'en parler », ajoutait Hervé Cortillet.
« On ne peut impunément retirer le salaire, l'emploi, et la dignité », résument ainsi les membres de ce réseau, une véritable chaîne de solidarité.
Les membres du collectif de lutte contre les expulsions : Attac Var, FSU, CFDT, CGT, CNL 83 et CNL Paca, LDH Toulon et LDH La Seyne.
1. La loi Boutin a abaissé les plafonds de 10 % pour l'accès aux logements sociaux.
2. Un numéro de téléphone à contacter :
CNL La Seyne. 04.94.94.04.09. ou cnl83@free.fr
source: K. M. - var matin
