La Seyne - Logements squattés à Berthe : l’office HLM se dit très inquiet
Vingt-quatre logements de Berthe sont squattés, dont l’un depuis plus de six ans. C’est un problème économique et de sécurité : les voisins se plaignent de nuisances voire de menaces armées. Photo doc. R. Uzan
Terres du Sud habitat veut mettre fin à un sentiment d’impunité qui se développerait chez les occupants illégitimes, « avant qu’il n’arrive un drame »
A-t-on envie que la cité Berthe devienne une zone de non-droit, au moment où l’Etat investit 100 millions d’euros pour la rénover ? » Branle-bas de combat au conseil d’administration de l’office HLM Terres du Sud Habitat, réuni hier. « Nous sommes en grandes difficultés, concède d’entrée de jeu Jean-Luc Bruno, vice-président. Nous avons de grosses inquiétudes sur les situations de logements squattés. » Car pendant la courte période de vacance qui précède l’attribution d’un appartement, il arrive que des gens y pénètrent par effraction.
Le personnel de l’office et les gardiens d’immeuble font l’objet « de sollicitations quotidiennes au sujet des squatteurs et des nuisances qu’ils provoquent dans leurs logements comme dans les parties communes. Mais nous ne détenons pas les clés du problème. »
Préjudice financier et tensions dans les immeubles
A ce jour, vingt-quatre logements de Berthe sont squattés – dont l’un depuis 2004 – et tous font l’objet de procédures d’expulsion. « Les procédures sont trop longues », estime Rachid Maziane, adjoint à la politique de la ville. Les techniciens énumèrent les délais réglementaires : « Visite de la police nationale, qui relève les identités, constat d’huissier, procédure en référé, délais d’instruction, tribunaux encombrés, enquête sociale, audience, mise en délibéré… »
De longues années, « un calvaire pour le voisinage, qui demande systématiquement un logement ailleurs. Et quand on les réattribue, personne ne veut de ces logements voisins de squatteurs… »
Terres du Sud Habitat regrette que « malgré leur sollicitation rapide, dans les 48 heures réglementaires suivant l’effraction, les forces de police ne permettent jamais la procédure d’expulsion immédiate, dite en flagrant délit, qui ferait gagner beaucoup de temps… »
« Le manque à gagner dû aux squats devrait nous être remboursé par l’Etat, ajoute Jean-Luc Bruno. Le préjudice direct est chiffré à 60 000 euros. Mais on ne voit rien venir. Or, l’équilibre budgétaire de l’office est précaire… »
L’épine dans le pied de l’office est donc financière, mais pas seulement. « Nous pensons avant tout au quotidien des locataires de l’office », déclare Rachid Maziane. « Plusieurs incidents survenus récemment nous inquiètent beaucoup », ajoute Jean-Luc Bruno. Il évoque « des intimidations qui vont jusqu’à des menaces par arme à feu. Il ne faudrait pas attendre qu’il y ait un drame pour réagir. »
« Simplement que la loi soit respectée »
Le conseil d’administration de l’office a le sentiment « qu’il se développe chez les squatteurs un sentiment d’impunité, comme si Berthe était une zone de non-droit ».
« Notre ton est un peu vif, mais qu’on ne s’y trompe pas, note Olivier Andrau, président de la commission d’attribution des logements. Ce n’est pas un casus belli, mais un cri d’alarme. Nous avons le sentiment d’être abandonnés des pouvoirs. Nous ne demandons pas grand-chose : simplement que la loi soit appliquée, et que chacun accomplisse sa mission. » « Nous sommes l’une des deux seules communes de l’agglo qui respecte la loi SRU (1), rappelle Jean-Luc Bruno. Mais on ne nous donne pas les moyens de voir la loi respectée chez nous… »
1. Loi SRU : loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain, qui impose notamment le quota de 20 % de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants.
source: Philippe Zamari - var matin