Le risque nucléaire de Toulon en questions
En novembre dernier, l'exercice « PPI Toulon 2010 » a été mis en oeuvre pour tester la réactivité des autorités civiles et militaires face à un scénario catastrophe d'avarie sur un sous-marin nucléaire. photo: Patrick BLANCHARD
La ville accueille un site d'exploitation nucléaire : le port militaire. Second volet de notre dossier sur les problématiques liées à cette activité.
D'où provient le risque nucléaire ?
Des chaufferies nucléaires servant à la propulsion de six sous-marins (SNA) et du porte-avions (PA). Elles leur garantissent une autonomie quasi illimitée.
Quel est ce risque ?
Une dispersion dans l'environnement d'éléments radioactifs issus de ces chaufferies. En grande quantité, ces éléments seraient susceptibles de contaminer les sols, l'eau, l'atmosphère et les individus les ayant absorbés ou respirés.
Comment sont protégées les chaufferies ?
Elles sont dotées de trois barrières de confinement : la gaine enveloppant l'uranium, l'eau du circuit primaire et le compartiment dans lequel est enfermé le réacteur. Les circuits de refroidissement sont également doublés et la coque des bâtiments est à même de constituer une ultime enveloppe.
Les installations sont-elles protégées en cas de séisme ?
La question ne se pose pas pour le PA ou les SNA, qui se trouvent dans l'eau, atout non négligeable en cas de catastrophe naturelle. Mais les Installations nucléaires de base secrète (INBS) comprennent aussi une « piscine », dans laquelle est entreposé tout ou partie des coeurs déchargés où à recharger. C'est en fait un grand cube de béton rempli d'eau pour garder le combustible « au froid ». La structure est effectivement construite sur des « amortisseurs » capables de répondre à un risque sismique de 6,5 sur l'échelle de Richter. Ce risque est à mettre en parallèle avec le plus gros tremblement de terre jamais recensé dans la région, en 1909, à Lambesc (Bouches-du-Rhône), de magnitude 6,2 sur l'échelle de Richter.
L'impact sur l'environnement est-il observé par l'armée ?
Oui. La Marine effectue une surveillance atmosphérique, terrestre et aquatique en permanence, et ce dans un rayon de 25 km autour du port militaire. Quelque 32 balises s'assurent de la qualité de l'air dans la rade. L'eau de pluie et les poussières sont aussi analysées, ainsi que la production agricole dans des fermes de l'aire toulonnaise.
L'armée est-elle seule à effectuer ce travail ?
Non. Outre le Service de surveillance radiologique (SSR) et le Laboratoire d'analyse et de surveillance et d'expertise de la Marine (Lasem) pour l'armée, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) ou l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) mettent en oeuvre des moyens de contrôle. Une commission d'information du port militaire, composée des autorités civiles, militaires et d'associations, se réunit également une fois par an et rend public ses résultats.
Qu'est-il prévu en cas d'incident radioactif ?
Pour les accidents susceptibles de se produire dans la base navale, la Marine élabore et met en oeuvre son Plan d'urgence interne (PUI). Si l'accident menace d'avoir des répercussions en dehors de l'arsenal, le préfet déclenche alors le Plan particulier d'intervention (PPI) et établit un périmètre d'application pour les manoeuvres de sécurité. Dans la zone maximale où les effets seraient ressentis, les populations doivent appliquer les consignes de sauvegarde dès l'alerte.
Que faire en cas de nuage radioactif ?
Rejoindre sans délai un local clos. Arrêter climatisation, chauffage et ventilation. Se mettre à l'écoute de la radio ou de la télévision. En cas d'alerte, le préfet peut ordonner la prise de comprimés d'iode, dont la mise à disposition est alors organisée par les mairies des communes de Toulon, Ollioules et La Seyne-sur-Mer.
Savoir +: www.ppitoulon.net
source: var matin