Une association " s’approprie " des terrains communaux
Ils se qualifient de " maquisards ". Autour de l’agriculteur David Ferri, un petit groupe de militants se montre prêt à cultiver une terre qui ne leur appartient pas… " pour le plus grand nombre ". Photo Sonia Bonnin
Les " maquisards de la solidarité verte " ont fait un coup de force en s’installant sur des terrains communaux laissés en friche, à Mauvéou
"Bonjour! Je suis le voisin d’à côté, je voudrais savoir ce que vous allez faire. " Quartier Mauvéou, sur une parcelle en friche, le tracteur n’est pas passé inaperçu. Un voisin traverse le champ fraîchement labouré et vient aux nouvelles. On lui répond : " Nous allons faire un jardin solidaire ". " Ha bon, qu’est-ce que c’est ? ".
Voilà le projet un peu fou d’une association, récemment créée, " Les maquisards de la solidarité verte ". Samedi matin, ils se sont mis au travail, sans demander aucune autorisation, sur un bout de terrain appartenant à la commune de La Seyne.
Vendre à bas prix
Porte-parole du mouvement, un homme, qui n’est pas un inconnu dans le quartier. Ni lui, ni sa famille. Cette terre, qui appartenait à son grand-père, David Ferri l’a cultivée pendant des années. Avant d’en être exproprié, au profit d’un projet d’établissement pour personnes âgées. C’était il y a trois ans. Et, depuis trois ans, le terrain est en friche. Seuls des logements privés ont poussé en contrebas.
" Cela fait des années que des gens demandent des terres pour pouvoir créer des jardins familiaux. Nous avons suivi plusieurs projets, qui n’ont jamais abouti ", se justifie David Ferri. Aujourd’hui, il est le porte-parole d’un petit groupe de " huit personnes ".
" Nous, nous agissons concrètement. Nous labourons, nous semons et nous vendrons à prix coûtant ", énonce Monique Cecchetti, trésorière.
Car, au-delà de la question des terres agricoles, dans l’agglomération toulonnaise, le but est de " nourrir des personnes qui ont de faibles retraites, des parents isolés, des travailleurs pauvres ".
Edwige Tolu, secrétaire « des maquisards », annonce « une réunion publique d’information, où les gens pourront s’inscrire, en fournissant des pièces justificatives ».
David Ferri estime qu’une vingtaine de personnes inscrites pourront venir régulièrement acheter des légumes, tandis que " le prix des denrées alimentaires ne cesse d’augmenter ».
" Prendre le gauche "
De quoi légitimer une action coup-de-poing? « Nous n’avons pas le droit? Nous prenons le gauche. Les maquisards n’ont pas toujours été dans la norme », assume David Ferri. " La mairie va être mécontente (1), mais ils ne sont quand même pas contre les gens pauvres! ", lance Edwige Tolu, qui est auxiliaire de vie pour personnes âgées.
Les militants sont optimistes. " Si on gagne six mois ou un an, ce sera toujours ça de pris ", assurent-ils.
Leur espoir secret est de se voir proposer un autre lopin de terre. Et pourquoi pas au domaine de Fabrégas ? Là-bas, beaucoup de prétendants se sont déjà déclarés.
Savoir +
" Les maquisards de la solidarité verte ", tel : 09.52.04.13.66.
1. La mairie, n’étant pas au courant, n’a pu réagir.
source: Sonia Bonnin - var matin
