Les épaves de la Marine démantelées dans la rade ?..
La Saône fait partie des trois premiers navires de la Marine qui seront bientôt déconstruits. (Photo: Patrick Blanchard)
Une enquête publique s’ouvre aujourd’hui sur la possible implantation d’un chantier de déconstruction navale sur le site de Brégaillon
En 2011, l'état-major de la Marine officialisait son vœu de faire disparaître ces grands corps malades de la surface d'ici quatre ans. Quinze épaves militaires de plus de 100 m de long, rouillant dans la rade depuis des années, semblent ainsi vouées à être démantelées dans un futur proche.
Restait encore à savoir où, et par qui. Encore dans toutes les têtes, le triste périple du Clemenceau témoigne que la déconstruction complète des bateaux gris n’est pas exactement une promenade de santé dans notre beau pays… ou ailleurs.
« Rien n'est signé »
On vient d'apprendre que l'opération pourrait être réalisée en partie dans la zone industrielle et portuaire (Zip) de Brégaillon. Le site web de la préfecture du Var annonce, en effet, que trois entreprises - Prestosid, Topp-Decide et la société seynoise Foselev-Marine - se proposent d'y réaliser ensemble une première phase de dépeçage.
Les « doyens » de la Royale seraient concernés (lire par ailleurs), soit 9 000 tonnes de ferraille et de matières toxiques à disséquer.
De là à dire que l'on se dirige vers la naissance d'une filière de démantèlement du naval militaire dans la rade, il y a pourtant de la marge.
Ce que laisse entendre le vice-amiral Hubert Jouot, en charge du dossier des « vieilles coques » à l'échelle nationale : « Rien n'est signé avec ces entreprises. Nous avons lancé un appel à candidatures européen et nous en sommes toujours en phase de négociation.»
Et d'expliquer : « Pour espérer travailler avec nous, ces industriels doivent demander au préalable l'autorisation du préfet d'exploiter ce chantier spécialisé sur la zone de Brégaillon, qui deviendrait alors une "Installation classée pour la protection de l'environnement". Si le préfet donne son aval, estimant qu'il n'y a pas de risque lié à cette activité, il faudra encore se mettre d'accord sur les termes du marché. » Marché de dépollution, découpage et valorisation qui atteindrait plusieurs dizaines de millions d'euros.
Mais pour l'instant, place à l'enquête publique lancée aujourd'hui en mairie de La Seyne, où les citoyens pourront faire part de leurs remarques jusqu'au 2 juillet 2012
Une chose est sûre, cette partie de la Zip de Brégaillon semble d'ores et déjà pouvoir s'adapter à l'accueil des monstres d'acier (et d'amiante) concernés.
L'installation d'une aire de stockage confinée pour les déchets dangereux ou l'utilisation d'un dock flottant sont dans les cartons pour fixer des dizaines d'emplois et la création d'une filière qui n'existait pas. Et qui, à La Seyne, fait ressurgir le souvenir de la découpe du porte-avions Arromanches en 1978.
Cette solution « locale » à la problématique des vieilles coques compte d'ores et déjà quelques adeptes. La CGT parle « d'aubaine », tandis que le vice-amiral Hubert Jouot, tout en réserve, admet que la candidature de ces entreprises va « dans le bon sens ». Elle éviterait en tout cas au squelette sexagénaire de La Saône une odyssée autrement plus périlleuse que les quelques mètres la séparant de son possible tombeau.
source: Sébastien Botella et Mathein Dellaine - var matin