70 ans déjà et je m'en souviens bien. J'avais 4 ans et demi.
Nous habitions aux Mouissèques à deux pas de l'entrée des chantiers, côté turbines. Mon père qui était allé au boulot comme chaque matin, s'en revint rapidement pour nous avertir qu'il fallait déguerpir au plus vite.
Vite habillés, déjeuner rapide, quelques provisions pour la route et "scappa via!!!" il faut déguerpir.
Le boches, arrivés au matin ont occupé les chantiers et on craint la bataille car la flotte française se trouve à Toulon et le croiseur "Commandant TESTE" est mouillé tout près des Mouissèques.
Nous évitons de passer par la place et heureusement nous pouvons aussi sortir par le haut de la campagne, ce que nous faisons en sortant sur la route de Balaguier à côté de la boulangerie.
Tout est calme de ce coté alors nous marchons, nous marchons jusqu'à Fabrégas chez des amis qui habitent la campagne "Le P'tit QuinQuin"
J'avais cinq ans mais c'était hier, je m'en souviens trop bien.
Dans le ciel, des avions allemands, du explosions toute la journée des voisins qui demandaient si on avait des nouvelles.
En fin d'après midi tout sa calma et quand il n'y eu plus d'explosions, plus de fumées, ont repris le chemin du retour toujours à pattes, tout les six, Papa, Maman, mon frère, ma soeur, la poussette et moi.
C'est en arrivant sur la place des Mouissèques que l'on rencontra la guerre. La guerre avec ses soldats allemands, les tanks, les chenillettes et ces soldats vert de gris qui hurlaient comme seuls savent le faire des boches.
Le long du mur des chantiers je me souviens de cette colonne de marins français, alignés avec les mains sur la t^te, faits prisonniers et les mains sur la tête.
Dans la nuit, beaucoup arriveront à s'échapper comme celui qui vint taper à notre porte pour demander des habits civils.
Mon père lui donna des frusques et le marin put repartir, libre vers la route de Balaguier