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Nicky
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Date du message : lundi 13 janvier 2014 à 12h15


25 avril 1916 : du pain gris dans les boulangeries ...


Madeleine Danniau, boulangère à Exoudun (Deux-Sèvres), fabriquant du pain en 1916 (© Gallica/agence Meurisse)
Dès le début de la guerre, le gouvernement s'est soucié de la production de pain, pour contrôler les importations de blé. Progressivement, les mesures successives lui font perdre sa qualité. Les résidus sont de plus en plus incorporés dans la farine

En 1916, les boulangers ne peuvent plus cuire qu'un "pain national". La guerre perturbe en effet la production à tous les niveaux. Chroniqueur culinaire de France Info, Laurent Mariotte, revient de la boulangerie...

C'est l'image souvent utilisée pour planter le décor : les champs de blés sont devenus des champs de bataille. Une partie de la production française a en effet été engloutie, effacée par la ligne de front, ou part pour l'Allemagne. Et pour renforcer cette image, la presse de l'époque raconte que des soldats allemands détruisent les champs de blés en arrière du front : "Ce fer primitif des jours heureux, innocent et pur, qui ne pénétrait dans la glèbe que pour y préparer la place tiède et le lit des grains, ils s'en servent, eux, pour pratiquer l'avortement des entrailles maternelles", écrit l'Illustration du 12 juin 1915.

Il reste certes en France de nombreuses terres à blé qui ne sont pas labourées par les obus. Mais là où il y a des champs, on manque de paysans, massivement devenus soldats. Ce manque de matière première et de bras oblige la France à importer du blé, ce qui coûte cher. D'où le souci du gouvernement d'encadrer dès août 1914 la production de pain. Petit à petit, il perd sa couleur blanche. A Paris par exemple, la préfecture de police impose un "pain boulot et fendu de 2 kg".

En 1916, le gouvernement impose un "pain national". Son taux de blutage est plus élevé. Avec 100 kg de blé, on fait désormais 77 kg de farine, au lieu de 74 précédemment. Ce qui signifie que la farine contient plus résidus de blé, comme les enveloppes des grains. Au bout du compte, on importe donc moins de blé. Les Français, sur ce plan du moins, bénéficient d'une meilleure situation que les Allemands, qui subissent une véritable disette alimentaire. En France, ce n'est qu'à partir de janvier 1918 que le pain est rationné. Seul le décret du 27 mars 1919 autorisera à nouveau la production de pain blanc, et rendra aux Français leurs croissants.
source: france info