Les commerçants seynois réclament « des actions concrètes »
Monique Gory: « Le problème, c'est que l'hyper centre est habité par une population pauvre. Si l'on ajoute à cela la pression des commerces périphériques... » (photo: Dominique Leriche)
«On pensait avoir touché le fond depuis longtemps, on s'aperçoit aujourd'hui que les choses peuvent encore empirer... » Cette confidence d'un commerçant du centre ancien, traduit le pessimisme ambiant auprès des commerçants
Une inquiétude relayée par Vitrines seynoises, l'association qui regroupe une centaine de professionnels du cœur de ville. Entretien avec sa présidente, Monique Gory.
Comment réagissent vos adhérents au départ de plusieurs boutiques (1) du centre vers la nouvelle galerie marchande d'Auchan ?
C'est une vraie préoccupation. La situation était déjà compliquée et nous allons encore perdre des locomotives. Ce qui n'arrangera rien à la morosité ambiante en cœur de ville.
En commerce, tout est une question de dynamique et d'attractivité. Les clients viennent faire du shopping s'ils savent qu'ils auront l'embarras du choix.
Au contraire, ces nouvelles fermetures vont encore renforcer la spirale négative.
À Toulon, certains commerçants regrettent encore l'ouverture du centre Mayol, 25 ans après...
Effectivement à Toulon, la création du centre Mayol a eu un impact négatif sur les boutiques du centre. Mais au moins, là-bas, il y a beaucoup d'actifs sur place, ce qui assure un certain chiffre d'affaires. Le problème à La Seyne, c'est que l'hyper centre est habité par une population pauvre. Si l'on ajoute à cela la pression des commerces périphériques... Le matin, avec le marché et les commerces alimentaires, ça va, on voit passer du monde... Mais on ne peut pas travailler à mi-temps.
Durant la campagne électorale, la question du centre semblait prioritaire pour tous les candidats...
Effectivement, tout le monde avait pris conscience que la redynamisation du centre était une priorité et une urgence pour La Seyne.
Comment travaillez-vous avec la municipalité ?
Globalement, les choses se passent bien, il n'y a rien à dire de ce côté là. Nous allons d'ailleurs bientôt rencontrer les élus qui seront nos interlocuteurs (2) lors de ce mandat. Nous sommes entendus, mais nous aimerions être soutenus. Avec des actions concrètes et rapides qui vont permettre de redonner une dynamique.
Que préconisez-vous ?
Il faut renforcer la politique d'animations. Quand les gens assistent par exemple au carnaval vénitien, ils n'achètent pas forcément ce jour-là. Mais ils sont venus et pourront revenir faire leurs courses.
Le maire a annoncé un plan de rénovation pour le centre, dans l'esprit de celui qui s'achève du côté de Berthe ...
Je ne sais pas si tous les adhérents seront encore là d'ici sa mise en œuvre. Chaque commerçant a un seuil de chiffre d'affaires en dessous duquel il perd de l'argent. Aujourd'hui, beaucoup sont déjà sous leur seuil de rentabilité.
S'il faut attendre cinq ans, je pense que 50 % d'entre eux ne seront plus là.
Quels seront les temps forts de l'année pour Vitrines seynoises ?
Le carnaval vénitien est reconduit (31 mai et 1er juin). Il y aura un partenariat avec le festival de BD Bulles en Seyne, nous organiserons deux fêtes de la mer pendant la saison estivale ainsi qu'une braderie. A cela s'ajouteront ponctuellement des initiatives en partenariat avec la chambre de commerce et d'industrie.
Parallèlement, nous préparons la mise en place d'un axe digital. Une plateforme web au service des commerçants du centre et que nous espérons lancer d'ici la fin de l'été.
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1. Léonidas, Subway, Yves Rocher, Patrice Bréal ou encore Schlecker ont déjà fermé ou vont tirer le rideau d'ici quelques mois.
2. Anthony Civettini (adjoint en charge notamment du commerce, de l'artisanat et des marchés forains ; Eric Marro (adjoint en charge de la culture, des festivités et des animations) ; Joëlle Arnal (adjointe chargée notamment de la rénovation et de la redynamisation du cœur de ville) et Jean-Luc Bruno (adjoint de quartier chargé du centre).
source: C.g. - var matin