Le maire n’exclus pas de présenter "un budget déséquilibré" pour La Seyne
Le maire prévoit de porter toute son attention à la rénovation du centre-ville au cours de son second mandat (photo: Dominique Leriche)
Le maire, Marc Vuillemot, très inquiet pour les finances de sa ville en appelle à l’Etat pour modifier les règles de la fiscalité locale et favoriser une solidarité régionale
En ce début d’année 2015, et au vu de l’actualité récente, dans quel état d’esprit êtes-vous?
Je me sens plus républicain que jamais. Nous avons vécu des moments terribles, un drame qui ne doit surtout pas s’étioler dans la mémoire collective. J’espère que tout cela va nous permettre de nous poser les bonnes questions et de nous interroger sur l’édifice qui nous lie tous collectivement.
Le budget doit bientôt être voté. Comment se présente-t-il en 2015?
Très mal.Le parti pris de l’Etat est de faire peser sur les collectivités locales sa volonté de ramener le déficit de la France en dessous des 3 % du PIB. C’est un vrai frein à la mise en œuvre de politiques qui pourraient justement permettre d’éviter les drames que nous venons de subir. Aujourd’hui beaucoup de nos concitoyens sont dans la galère. Et cette galère est le meilleur terreau pour faire fructifier tous les fanatismes et tous les obscurantismes. La politique de l’Etat va nous obliger à toucher au sport, à la culture, à l’éducation populaire, à la solidarité. Autant de domaines sur lesquels, il y a quinze jours encore, je me disais que malheureusement j’allais devoir faire des économies. Mais aujourd’hui, j’ai la confirmation que ce n’est pas la bonne solution. Et comme par ailleurs, les communes ont des missions incompressibles, je n’ai aucune marge de manœuvre. J’en suis aujourd’hui à me dire que je ne sais plus faire et que, s’il le faut, je n’exclus pas de présenter au conseil municipal un budget déséquilibré.J’ai le devoir de dire à l’Etat que ce n’est plus possible. Tout cela dans un esprit combatif.
Vous entreriez alors dans l’illégalité...
Le préfet me dira de reprendre mon exercice.J’essaierai alors de le faire. Si je le peux.Mais il faudra que la puissance publique s’interroge. On ne met pas en faillite une partie de son territoire. Je ne peux plus appeler les Seynois à participer à la ‘‘cagnotte’’ collective, au-delà de ce que je leur demande déjà. La pression fiscale est trop forte. C’est un lourd héritage, auquel j’ai aussi apporté ma part en 2009 et 2010, je le reconnais. Mais les gens ne peuvent plus payer. L’édifice républicain doit jouer son rôle, il doit y avoir une solidarité à tous les niveaux : intercommunal, départemental et régional. Globalement la fiscalité locale n’est plus adaptée,Il faut changer d’échelle, passer au niveau régional.Aujourd’hui, La Seyne respecte la loi SRU, joue la carte de la solidarité, mais se trouve pénalisée par rapport à d’autres communes. Pour queles choses changent il va falloir une action du législateur.Malheureusement cela ne se fera pas avant la mise en application de la loi sur le non-cumul des mandats en 2017.
Le centre-ville de La Seyne n’a pas été retenu en décembre pourle nouveau programme de rénovation urbaine (NPRU).Quelles sont ses chances de figurer parmi les 200 quartiers ‘‘d’intérêt régional’’ aidés dans le cadre du contrat de plan Etat-région?
Le dispositif du NPRU reposait sur le potentiel fiscal de le population du centre-ville et il a été jugé que nous n’étions pas éligibles.C’est une décision objective et je l’accepte. En revanche, si nous n’entrons pas dans le deuxième dispositif, alors là oui je n’hésiterai pas à dire que la République a cessé d’exister. Mais je pense qu’on y sera. Et si malgré tout, nous ne devions pas en bénéficier, cela n’enlèvera rien à ma détermination et au fait que je considère que le centre-ville de La Seyne comme devant faire l’objet de toutes les attentions communales. Le centre ancien se trouve à la confluence de plusieurs espaces déterminants : le quartier Berthe qui termine sa rénovation, le pôle de compétitivité Méditerranée qui apporte son élan économique et les quartiers des anciens chantiers qui sont en train d’être redynamisés.Le centre ancien se doit d’accompagner ce mouvement avec l’aide de tous les dispositifs qui seront mis à notre disposition.
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