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Andree83
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Date du message : mercredi 27 juillet 2016 à 07h31


"Lettre à Jacques, mon frère dans le sacerdoce"

Dans le Christ nous mourons, mais dans le Christ nous ressusciterons !

Le père Jacques Hamel, égorgé, mardi 26 juillet, dans l’église du centre-ville de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), alors qu'il venait d'achever la célébration de sa messe quotidienne, m'interpelle dans ma mission de prêtre...

Mon frère dans le sacerdoce, lorsque tu fus ordonné prêtre en 1958, je naissais à peine. Ce sont les prêtres de ta génération qui m'ont initié à l'idée d'une Église ouverte au monde, dans l'inspiration du grand Concile de Vatican II, et ton parcours pastoral en atteste toute la portée. Aujourd'hui, tu es devenu un martyr véritable de l'Amour.

En cela, tes assassins ont signé leur échec et leur pitoyable impuissance. Car s'il est bien facile d'exciter quelques pommés perdus dans leur déséquilibre psychique pour provoquer la mort, autre chose est de répondre à la haine par l'amour. Ainsi, tu as démontré, par ton assassinat, que la violence est l'arme des faibles alors que l'amour est celle des forts. Tu les a vaincus comme le Christ a vaincu la folie humaine, en se laissant clouer sur la Croix, devant laquelle tu as tant prié au cours de ta vie. Ce soir, je sais que tu es accueilli dans la Lumière du Sauveur Jésus le Christ, avec Marie, Mère de Dieu et tous les saints du Ciel qui t'entourent.

Et nous, ici-bas, nous poursuivrons la mission de la foi de l'Église, en promouvant encore et toujours l'Amour de Dieu. Car les assassins d'aujourd'hui, comme ceux d'hier et ceux de demain, n'auront pas notre abdication. Ils briseront sans doute nos membres, mais jamais nos consciences ! Certes, les extrêmes en tous genres vont, sans nuance aucune, vociférer des appels à la vengeance, en cherchant à opposer les uns contre les autres. Mais nous ne les écouterons pas. Nous ne les entendrons pas. Ainsi, nous continuerons l'oeuvre de Dieu, par le don de nos vies et par la non-violence qui bouscule les consciences.

En cette année de mon trentième anniversaire de sacerdoce, tu m'apprends, mon frère, combien la fidélité au Seigneur n'est pas de répondre à quelques règles d'une institution religieuse. La fidélité relève essentiellement de notre capacité à dire, jusque dans le sang, la grandeur de l'homme quand il se laisse élever dans la grandeur de Dieu, par la pratique de l'Amour évangélique.
Si notre pays est en deuil, les Chrétiens sont en Espérance. Sur ce chemin commence ma nouvelle mission. Relever le calice tombé de tes mains, pour offrir au monde la sang du Christ qui sauve le monde, telle est la suite de ma route auprès de Jésus. Jacques, sois dans la Paix de Dieu et qu'elle irradie nos blessures béantes. Je prie en communion avec toi.
+ Père Pierre Colombani, prêtre orthodoxe, ancien prêtre romain