Rudy Ricciotti imagine l’après Banane à Berthe ...
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En 2012, les habitants du quartier Berthe à La Seyne-sur-Mer (Var) voyaient leur emblématique « Banane » disparaître lentement, grignotée par les pelleteuses (voir page précédente)
L’immense barre de logements sociaux, devenue avec le temps terne et insalubre, devait être démolie dans le cadre de la rénovation urbaine pour laisser place au renouveau.Sur l’emprise de cet ancien bâti, au coeur de cette cité populaire en pleine mutation, le président de l’office public Terre du Sud Habitat, le maire Marc Vuillemot (PS), n’entendait pas faire « n’importe quoi ». « Dans un lieu qui n’est plus une ZUP mais une zone à urbaniser, il fallait brasser de l’idée afin de continuer à avancer vers une appropriation et contribuer à changer la représentation que se font les gens du quartier. »
Et c’est en demandant à un grand nom de l’architecture française, que l’office HLM entend redorer l’image de ce lieu
C’est ainsi que Rudy Ricciotti, auteur de fameuses réalisations (lire encadré), a été sollicité pour poser un regard neuf sur la cité et y apposer sa griffe. Sa mission : dessiner un ensemble de résidences (180 appartements) sur seulement 13 900 mètres carrés de terrain. Il a accepté de relever le défi et, selon lui, « ce n’était pas un cadeau » tant « la marge de manœuvre était étroite ». Mais à La Seyne on compte sur lui, alors « il ne faut pas que je me trompe », confiait-il en présentant mercredi son projet.
Donner du rêve
L’architecte est parti du principe qu’il fallait « positiver, amener du plaisir de vivre et de la considération, et un peu de charité esthétique, dans ce lieu à la complexité dramatique ». Avec comme obligation de conserver une certaine densité de l’habitat. L’ensemble doit « donner du rêve à de futurs primo-accédants ». Aussi a-t-il imaginé « des sous-programmes ». Cinq bâtis, d’environ 30 logements répartis sur 6 niveaux, séparés par des espaces verts, devraient rompre avec l’austère barre qui autrefois formait une banane. A l’Est de ces bâtiments, un plus grand ensemble bordera la place Saint-Jean requalifiée, avec de petits locaux commerciaux et un supermarché de taille modeste (1200 mètres carrés).
Rudy Ricciotti s’est attaché à redéfinir « une écriture architecturale balnéaire » pour faire écho à la Méditerranée toute proche parce qu’« on a fini par oublier qu’on est à La Seyne-sur-Mer ». Celle-ci se retrouvera donc sur les balcons aux formes ondulées. Et il a voulu apporter « quelque chose de civiliser, de tendre » quelque chose « qui fasse rêver ».
Ainsi, envisage-t-il un toit végétalisé pour coiffer le supermarché, des colonnes, un large vitrage, des cages d’escaliers lumineuses... et surtout le tout conçu avec des matériaux de qualité - « ce sont des signes bourgeois » car il est important d’être « généreux dans le résultat ». Et selon lui ça ne coûte pas forcément plus cher.
Des prix maîtrisés
D’ailleurs, les 180 futurs logements seront mis en vente par le bailleur social ou un promoteur privé, mais ceci à prix maîtrisés. « Le mètre carré n’excédera pas les 2200 euros, c’est moitié moins que le prix du marché. Ainsi, on fait la démonstration à La Seyne qu’un maire qui le veut peut agir sur les prix de l’accession », souligne Joël Canapa, directeur de l’Office HLM.
Inspirée par Ricciotti, la réalisation de cet ensemble ambitieux sera cependant confiée à un autre architecte. L’appel à concurrence s’apprête à être lancé pour une mise en chantier souhaitée courant 2015. « Ce projet de ville participera à la modification positive du quartier pour redonner de la considération à ses habitants », précise le maire.
source: Nirina Thoreau - la marseillaise