Escales du Royal Princess à La Seyne: rendez-vous manqués ?
Pour les commerçants seynois, l’un des plus grands bateaux de croisière du monde, pourtant amarré tout près du centre-ville, aura engendré des retombées quasi inexistantes. (Photo: J. P.)
Contrairement à d’autres paquebots qui font « travailler » le commerce seynois, commentse fait-il que les venues du très remarqué « petit » dernier aient déversé si peu de croisiéristes ?
La Ville « en rade » de croisiéristes ?
L’un des plus grands paquebots du monde, le Royal Princess, a déjà fait escale deux fois à La Seyne. Cinq autres sont prévues d’ici fin septembre... Et pourtant : « On se demande si ce n’est pas un paquebot fantôme », soupire un restaurateur du centre-ville. Car si les retombées économiques pour le département sont bien réelles (nos précédentes éditions), La Seyne, elle, ne semble pas en avoir « croqué ». « J’ai un ami qui tient un restaurant à Hyères, raconte la responsable d’une brasserie du centre-ville. Il m’a dit qu’il avait fait le plein de croisiéristes venus en excursion. Nous, personne. »
Même son de cloche partout en ville
Ailleurs encore, on préfère en rire, mais jaune : « Le plus gros paquebot du monde m’a rapporté environ deux cappuccinos et trois pressions. Sans doute des croisiéristes qui avaient loupé leur bus pour Saint-Tropez... »
Et le son de cloche est le même partout en ville, loin du souvenir et des bienfaits d’autres bateaux de croisière plus « rentables » pour le commerce local. Comme le Liberty of the seas par exemple qui, lui, attire chaque lundi de nombreux visiteurs, dont une part non négligeable est composée de personnel de bord à la recherche d’une borne Wi-Fi, d’un verre en terrasse, etc., et aussi quelques « vrais » touristes qui, plutôt que de rester à bord ou partir en vadrouille, osent un petit tour...
Alors pourquoi la magie n’opère-t-elle pas avec Royal Princess?
Beaucoup de commerçants ont leur explication à ce rendez-vous manqué : triste décor à la descente du bateau, manque de communication et de signalisation, bouche à oreille peu flatteur... seraient à l’origine de ce rendez-vous manqué. Sur le port, un observateur donne son ressenti : « On a 150 ans d’histoire de construction navale et même pas un musée! A Roubaix, ils ont un musée d’art et d’industrie et il ne désemplit pas. Et puis en descendant, les touristes se croiraient à Kaboul. Il n’y a même pas un chemin, rien! »
Qui ne connaît pas Toulon et La Seyne ?
Il semble que ces considérations n’expliquent pas tout. Nous avons demandé son avis à Virginie Estrade, ancien agent maritime, aujourd’hui agent réceptif local : « Il faut savoir que les excursions sont ‘‘commandées’’ longtemps à l’avance par les armateurs, pour être ensuite revendues à bord. Et il faut des excursions qui parlent aux croisiéristes. Ce n’est malheureusement pas le cas de La Seyne, d’autant que ce sont principalement des Américains qui embarquent sur le Royal Princess. En schématisant un peu, ils vont être friands de villes à la renommée internationale ou avec ‘’en Provence’’ dedans : Aix, Les Baux, St-Tropez, etc. Ces touristes-là ne connaissent pas Toulon et encore moins La Seyne. Contrairement aux Italiens ou aux Espagnols, l’aspect culturel (gastronomie, aromathérapie, découverte des vignobles...) n’est pas vraiment leur priorité. »
« Donner envie de se promener »
Pour cette professionnelle du tourisme, La Seyne ne tirera son épingle du jeu qu’en tentant de « capter la clientèle qui ne part pas en excursion » : « Mais pour cela, il faudrait avoir une meilleure visibilité, des structures un minimum accueillantes, une signalisation digne de ce nom avec des chemins aménagés, proposer des petits guides répertoriant les choses à voir. Il faudrait par exemple construire une belle gare maritime où l’office de tourisme serait représentée, mettre à disposition des taxis, voire des voitures avec chauffeurs... Bref, il faudrait donner envie de s’y promener. » ... Autant de pistes à explorer, peut-être sans trop attendre, histoire de couper court au tant redouté bouche à oreille...
source: J.P. - var matin