A Marseillaise les jardins ont gagné contre les promoteurs et la mairie.
Les élus Seynois préfèrent-ils plus les promoteurs que le Maire de Marseille ?
C’est l’histoire du pot de terre contre le pot de fer, que les associations du quartier de Chateau-Gombert, dans le 13e arrondissement de Marseille, et les mains vertes des jardins partagés du théâtre Athèna ont célébré samedi.
Deux mois après la remise des clefs de leur parcelle par la Ville de Marseille, une fête a réuni tous les acteurs de cette merveilleuse aventure commune, où un collectif d’habitants a remporté la plus belle des victoires en empêchant que ne soient détournés les véritables projets de la ZAC de Château-Gombert.
Sur cette ancienne terre agricole, dont les exploitants ont été expropriés, le projet de développement d’une grande plaine sportive avait failli être abandonné au profit d’un groupe immobilier. Il n’y aurait jamais eu de jardins partagés, sans la détermination des habitants qui, a coup de pétitions, ont réclamé le respect du projet initial. « Nous demandions que l’espace reste agricole, le site avait tout pour être une trame verte », explique Françoise Quéguiner de l’association Poumon Vert, facilement reconnaissable hier, un collier de fleurs de papier autour du cou. Un signe qui permet de distinguer les heureux jardiniers, transformés en guides-conférenciers. Ils font découvrir leurs petites exploitations aux visiteurs, en leur expliquant toute la genèse de cette histoire « extraordinaire », mais aussi en racontant comment ils ont extrait des sacs entiers de pierres avant de rendre cette terre cultivable.
Des recours victorieux
Leurs jardins, ils les ont arrachés au prix d’une longue bataille et de réunions de travail avec la Soleam, ex-Marseille Aménagement, société d’économie mixte, et de recours engagés auprès d’un commissaire-enquêteur. Sur 126 logements prévus initialement, il n’y en aura finalement plus que 80. L’équilibre entre habitat et espace public est en parti préservé. Grâce au recours des habitants, cinq projets immobiliers ont pu être arrêtés.
En décembre 2010, le conseil municipal inscrit enfin à son ordre du jour les projets d’aménagement du Parc Athèna. Il faudra attendre 5 ans, le 20 juin de cette année, pour que les « jardiniers » obtiennent enfin la remise des clefs de leur « potager », dont la redevance de 8 800 euros par an pour 6 000 m2 de surface est parmi l’une des plus élevées de la ville. Le prix à payer pour des habitants qui ont tenu tête à la Ville de Marseille et aux promoteurs immobiliers ?
Le prix d’un espace public partagé. Une terre en friche où les associations et les jardiniers souhaitent créer du lien social, mener des projets en commun autour de l’écologie, intégrer au projet les écoles du quartier. En germe, une autre façon de vivre la ville.
95 m2 de bonheur en culture
Dans ces jardins familiaux du théâtre Athéna de Château-Gombert, la parcelle de 95 m2 de François Criado, retraité, est rapidement devenue trop petite. Il en avait assez de tourner en rond dans son appartement chaque jour de la semaine... et maintenant, chaque jour de la semaine, il plonge avec bonheur les mains dans la terre. Haricots, courgettes, choux, tout pousse à merveille, malgré une plantation tardive.
Avec sa voisine, Claire, ils se rendent mutuellement service, lui l’aîné, donne des conseils. « Cela fait des années que l’on se bat pour préserver des espaces publics », raconte François Criado. Arrivé en 1995 dans ce quartier, où il y avait encore une ferme et des chevaux, c’est un peu de l’histoire ancienne qui refait surface à Château-Gombert.