Le fondateur de PIP remis en liberté après huit mois de détention provisoire
Jean-Claude Mas, fondateur de la société de prothèses mammaires PIP, le 17 janvier 2001 à la Seyne-sur-Mer (photo: afp/Eric Estrade)
AVIGNON - Jean-Claude Mas, le fondateur de la société de prothèses mammaires PIP, qui se trouve au coeur d'un scandale sanitaire mondial, a été remis lundi en liberté sous contrôle judiciaire à l'issue de huit mois de détention, avant un premier procès, très attendu par les victimes, au printemps 2013
Amaigri et visiblement fatigué, Jean-Claude Mas est sorti vers 16H00 de la prison du Pontet (Vaucluse), a constaté un photographe de l'AFP. Coiffé d'un bonnet bleu et blanc, deux sacs en plastique sous le bras, l'homme de 73 ans a souligné devant la vingtaine de journalistes qui l'attendaient être "resté interné huit mois" et être "ruiné".
Interrogé sur son état d'esprit il a répondu : "Je n'ai plus d'esprit, je suis plus rien".
"J'espère sincèrement que le contrôle judiciaire de M. Mas sera strictement respecté. Il y a toujours un risque de fuite", a souligné pour sa part Me Philippe Courtois, qui représente plus de 2.300 victimes des prothèses PIP regroupées en association. "Le sentiment des victimes est celui d'être enfermées dans leur propre corps avec ces prothèses. Elles trouveraient normal que Jean-Claude Mas soit enfermé lui aussi", a-t-il ajouté.
En mars, faute d'avoir versé la caution prévue dans le cadre de son contrôle judiciaire, il avait été placé en détention provisoire. Au terme de ces quatre mois, en juillet, il avait été remis en détention provisoire, mais cette fois dans le volet financier de l'affaire, ce que son avocat avait dénoncé comme une "cruauté judiciaire". La justice craignait qu'il prenne la fuite à l'étranger.
Selon les éléments de l'ordonnance rendue par le juge lundi, le contrôle judiciaire lui ordonne de rester cantonné aux départements des Bouches-du-Rhône et du Var, et de se présenter une fois par semaine à compter du 5 novembre au bureau de police de Six-Fours-les-Plages (Var), son lieu de résidence.
Il devra également se rendre aux convocations du juge d'instruction et s'abstenir de rencontrer son ancien bras droit, Claude Couty. Il lui est enfin interdit de se livrer à la direction ou à la gestion d'une activité commerciale.
Cette décision a été rendue "malgré l'opposition du parquet", qui avait requis le maintien en détention de Jean-Claude Mas, mis en examen en janvier pour blessures involontaires dans le volet sanitaire du scandale PIP, a souligné l'avocat de M. Mas, Me Yves Haddad.
Né à Tarbes le 24 mai 1939, Jean-Claude Mas a fondé PIP en 1991. Il a admis avoir produit un gel de silicone non homologué mais réfuté tout danger pour les porteuses de prothèses.
"Je savais que ce gel n'était pas homologué, mais je l'ai sciemment fait car le gel PIP était moins cher (...) et de bien meilleure qualité", avait expliqué M. Mas en octobre 2011 aux gendarmes.
Le premier procès de cette affaire, qui portera sur la "tromperie aggravée", doit se tenir du 17 avril au 14 mai à Marseille.
Sont attendus à ce procès à l'ampleur hors normes environ 180 avocats, 4.380 plaignants français et 220 plaignants étrangers. Outre le fondateur de l'usine PIP de La Seyne-sur-Mer (Var), quatre anciens cadres (le président du directoire Claude Couty, la directrice de la qualité Hannelore Font, le directeur technique Loïc Gossart et le directeur produits Thierry Brinon) comparaîtront à l'audience.
L'affaire avait éclaté fin mars 2010 avec le retrait des prothèses PIP du marché français et la liquidation judiciaire de la société varoise, qui utilisait illégalement, depuis la fin des années 2000, un gel de silicone fait maison en remplacement d'un gel médical homologué.
Le nombre de porteuses de prothèses PIP serait d'environ 30.000 en France et de plusieurs dizaines de milliers à l'étranger, l'usine de La Seyne-sur-Mer ayant été le troisième fournisseur mondial d'implants mammaires, exportant en Europe, en Amérique du Sud et en Asie.
source: afp