Mutuelle de la Méditerranée: "L'État a une responsabilité dans le drame de l'amiante"...
Malgré le « coup dur » porté aux salariés exposés à l'amiante, en juillet dernier par la cour de cassation, Henri Tite-Grès, leur emblématique défenseur, continue par tous les moyens d'obtenir une « juste » indemnisation pour les victimes de cet « Hiroshima silencieux » (photo: Dominique Leriche)
L’indemnisation du préjudice d’anxiété a du plomb dans l’aile… Mais le président de la Mutuelle de la Méditerranée, qui défend les salariés exposés à l’amiante, ne baisse pas les bras
Il en faut plus pour désarçonner Henri Tite-Grès, le pugnace président de la Mutuelle de la Méditerranée. Le combat qu'il mène depuis des années, pour que les anciens salariés des chantiers navals exposés à l'amiante soient indemnisés, a récemment essuyé un revers.
En juillet, alors que différentes juridictions avaient reconnu le préjudice d'anxiété et que des chèques avaient été distribués, la cour de cassation a demandé le remboursement. Il avait annoncé la mauvaise nouvelle aux adhérents dans la foulée appelant ceux qui avaient perçu une indemnisation à ne rien rembourser. Car il reste confiant.
Changement de stratégie
Ce mardi, il faisait le point sur le dossier, dans son bureau, à La Seyne : « Ce rendu de la cour de cassation est une mascarade qui est forcément politique, car en mettant en avant cette date pour signifier que le début de l'anxiété est en 2000, on écarte systématiquement tous les salariés des chantiers navals de construction et réparation navale : La Seyne, La Ciotat, Afo de Brest, Saint-Nazaire, Drulingen, Nantes, La Rochelle, etc. Ainsi que les entreprises sous-traitantes répertoriées dans ce décret. » Selon lui, cela écarterait d'office 80 % des salariés qui, avant l'arrêt en cassation, pouvaient prétendre au préjudice d'anxiété.
Les élus alertés
Mais il reste plusieurs raisons d'espérer. D'abord, pour rassurer ceux qui ont déjà été indemnisés, il explique : « Les fonds versés aux salariés l'ont été faits par le liquidateur, suite à la créance qui n'est pas contestable et qui était due. Il en était le débiteur et, surtout, les AGS n'ont rien versé ».
Il annonce également un « changement de stratégie » : « l'ensemble des dossiers (environ 3.000) sont en cours de dépôt auprès du tribunal administratif de Toulon ». Il entend ainsi « pointer la responsabilité de l'État pour avoir tardé à légiférer sur l'interdiction de l'amiante, alors que ses méfaits sont reconnus depuis 1945 ». Parallèlement, les dossiers continueront à être plaidés aux Prud'hommes et Aix-en-Provence « car ces institutions continuent de reconnaître la responsabilité des employeurs ».
Aussi, des lettres ont été envoyées, il y a quelques semaines, à de très nombreux élus pour les informer de cette situation : « Tous ont une responsabilité dans ce drame de l'amiante et je rappelle que le conseil d'État a déjà condamné l'État français à ce sujet ».
Il a reçu très peu de réponses à ce jour... La plus encourageante est venue de la députée Geneviève Lévy qui a informé M. Tite-Grès d'avoir « alerté le ministère du Travail » ... Le président attend.
source: var matin