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Nicky
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Date du message : mardi 28 avril 2015 à 10h37


Valérie Hirschfield, unijambiste seynoise va parcourir 220 km en "stand-up paddle"


Amputée depuis dix ans de la jambe gauche, cette Seynoise de 51 ans ambitionne de participer à une épreuve de "stand-up paddle" de 220 kilomètres en cinq jours. Portrait d’une battante (Photo: Dominique Leriche)
Amputée depuis dix ans de la jambe gauche, cette Seynoise de 51 ans ambitionne de participer à une épreuve de "stand-up paddle" de 220 kilomètres en cinq jours. Portrait d’une battante

Sa deuxième vie a commencé le 4 juillet 2005. Après un an à souffrir le martyr, de diagnostic erroné en greffes et opérations manquées, jusqu'à contracter une terrible infection, Valérie Hirschfield se réveillait ce jour-là, à l'hôpital, amputée de la jambe gauche. "Délivrée, enfin" de toutes ses douleurs. "C'était ça, ou je mourrais d'une septicémie dans les deux semaines." Elle n'a pas hésité.

"Ma vie se poursuit de manière différente"

"Cinq jours après, j'étais à la plage, avec dix-huit kilos et un membre en moins." Valérie est comme ça, une battante. "Hyperactive". Et sans un regard pour le passé, jamais. "Ma vie se poursuit simplement de manière différente. Rien ne me manque. De toute façon, je ne me reconnais même plus sur les photos. Maintenant, j'ai deux anniversaires, c'est tout." Avec l'amputation comme "résurrection", assure-t-elle.

"Fière? Mais de quoi?"

Aujourd'hui, à 51 ans, cette blonde pétillante, mariée et mère de trois enfants, prépare un défi immense: une course de paddle aux Pays-Bas, en septembre prochain. Soit près de 220 km à parcourir en cinq jours sur les canaux hollandais, debout, à pagayer sur une planche! "En gros, ça représente 8h de paddle dans la journée. Mais je vise plutôt les 6 ou 7h."

Ne vous avisez pas de lui demander si elle est fière du challenge qu'elle s'est fixé. "Je sais déjà que ma performance ne me satisfera pas. Que je me dirais: 'Tu aurais pu aller plus vite…' Et puis, fière de quoi? Je suis normale, la vie est belle".

"Pas de message, rien à prouver"

Heureuse, peut-être, de servir de modèle d'abnégation pour les personnes à mobilité réduite? "Je n'ai pas de message à passer, rien à prouver à quiconque. Je ne suis pas une porte-drapeau. Si mon 'cas' peut servir à d'autres, tant mieux. Mais je fais ça pour moi."

Et juste pour elle, qui se décrit timidement comme une "handicapée entre guillemets". Elle, qui n'a jamais voulu "adapter" sa maison, préfère dire qu'il lui "manque un bout". C'est tout. Et ça n'a pas l'air grand-chose. Valérie conduit, randonne, escalade, pratique le tennis en fauteuil et se balade "six mois par an en short". Sans complexe. Sans prothèse non plus.

"Parfois des commentaires désobligeants"

"Je me fiche un peu du regard des autres. Les enfants sont curieux de mon moignon. D'autres adultes, compatissants, soupire-t-elle. Parfois j'ai aussi des commentaires désobligeants. Comme cette grand-mère qui m'a demandé si je comptais venir tous les jours à la plage parce qu'elle avait peur que ça choque ses petits-enfants… On ne peut pas empêcher la bêtise. Peut-être que, maintenant, je la repère juste plus rapidement!", rigole notre Seynoise.

Pourquoi ne pas avoir cherché à s'appareiller? "Pendant neuf ans, je m'en suis très bien sortie avec les béquilles. Et puis je n'avais pas envie de revoir des blouses blanches, pour ma rééducation. Pas de temps à perdre, non plus. Mais un jour, j'ai voulu apprendre le paddle. Tenir sur la planche, ça allait… difficilement. Mais ramer sur une jambe…"

"1 km sans tomber à l'eau... J'en ai pleuré"

Valérie découvre alors BTC orthopédie à Ollioules, l'été dernier, qui lui propose une prothèse. "Je suis partie l'essayer dans la foulée, sur ma planche. J'ai fait un kilomètre sans tomber à l'eau. Ca a l'air bête comme ça, mais j'en ai pleuré…"

Désormais, Valérie Hirschfield s'entraîne quasi quotidiennement, au Brusc. Et a aussi entrepris d'apprendre, à raison de 9h par semaine, à marcher avec un membre artificiel. Condition sine qua non si elle veut réussir à mettre sa planche à l'eau et la sortir. Elle souhaite désormais aller plus loin et s'acheter "un genou mécanique" qui, seul peut-être, pourrait lui permettre d'aller au bout de son défi hollandais.

"Quand j'ai contacté la direction de la course pour leur annoncer ma participation, ils m'ont demandé si je voulais des aménagements ou des aides spécifiques. Même si je suis la première femme handicapée sur l'épreuve, je leur ai répondu que j'étais une participante comme les autres, que je n'avais besoin de rien, ni de personne." Et après? "J'ai déjà repéré une épreuve de paddle entre Fréjus et Bastia. C'est au profit des enfants handicapés", reconnaît du bout des lèvres celle qui explique vouloir "vivre sa vie à fond". Courageuse Valérie? Non: généreuse, c'est tout.
source: Ma.D. - var matin