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Nicky
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Date du message : mardi 29 janvier 2019 à 14h21


«Le Rugby court à la Catastrophe» selon Boris Cyrulnik
Boris Cyrulnik

«Le Rugby court à la Catastrophe» selon Boris Cyrulnik - Avant le début du Tournoi des Six Nations, vendredi 1ᵉʳ février 2019, Boris Cyrulnik, célèbre neuropsychiatre, explique pourquoi le rugby d’aujourd’hui lui plaît moins.

Le Tournoi des Six Nations 2019 a lieu du 1ᵉʳ février au 16 mars 2019. La compétition se déroule comme chaque année en cinq journées réparties sur sept semaines, avec des pauses avant et après la troisième journée. Chacune des six nations participantes affronte toutes les autres.

Avant France - Galles, match d’ouverture du Tournoi des Six Nations vendredi soir au Stade de France (21 heures), plongée dans un rugby tricolore miné par les mauvais résultats des Bleus, la baisse des licenciés, et un climat rendu anxiogène par la mort de trois jeunes joueurs français. Premier volet aujourd'hui avec le regard de Boris Cyrulnik, neuro-psychiatre amateur de rugby. Quand il parle, le rugby prend tout à coup une autre dimension. Celle d’une discipline en plein questionnement ancrée dans une société de plus en plus élitiste. Boris Cyrulnik a manié le ballon ovale dans sa jeunesse. Résidant à la Seyne-sur-Mer (Var), supporter de Toulon, il nous livre son regard sur son sport de prédilection.

Allez-vous regarder France-Galles vendredi ? - BORIS CYRULNIK. Si je peux. J’essaie de voir les matchs du XV de France quand c’est possible, quand je n’ai pas d’obligation ou que je ne suis pas à l’étranger. Je vais au Stade de France quelquefois.

D’où vient votre intérêt pour le rugby ? - J’ai joué quand j’étais jeune, à Hyères, à Digne, à la fac de médecine. J’ai commencé en cadets et j’ai fini à 33 ans. J’ai connu le rugby-village, celui des petits clubs où on jouait mal mais gaiement. On dressait des tables avec les femmes, les copains. Les matchs duraient 1h30, la fête 3 heures et après pendant une semaine, c’était de la vantardise. On se racontait nos « exploits ». C’était d’ailleurs le plus important. On tombait en amitié. Le rugby créait du lien.

Pensez-vous que ce ne soit plus le cas ? - J’espère que ça existe encore dans les petits clubs mais aujourd’hui, le rugby est d’abord un spectacle de professionnels. Ce n’est plus le même sport. Les vedettes internationales servent de modèles aux jeunes. Ils les voient tirer des nez de trois kilomètres après une défaite, rentrer à la maison au plus vite pour ne pas faire d’excès et ils font la même chose.

Quels joueurs vous ont impressionné - Il y a eu les frères Boniface, Gallion… Ils déjouaient la force physique par leurs astuces. Le dernier modèle pour moi, c’était Wilkinson. Il avait un très grand charisme. Dans le vestiaire du stade Mayol de Toulon, c’était le seul qui parlait français d’ailleurs, les autres étaient, pour la plupart, des mercenaires. Aujourd’hui, je suis moins emballé par le Top 14, où on voit surtout des pros extrêmement bien préparés qui passent leur temps à s’affronter et à se battre par terre. Il y a un peu plus de jeu chez les amateurs car ils sont moins bons.

Comprenez-vous que le rugby fasse peur, avec la succession de trois accidents mortels en France ces derniers mois ? - Quand j’étais gamin, il y avait aussi des accidents mais rarement mortels. Il y a du danger mais moins que dans la moto, le ski ou l’équitation, qui sont les sports les plus touchés par les accidents graves. Il faudrait alors les interdire… Ce qui m’inquiète surtout, c’est la multitude de coups répétés que subissent les joueurs. Ils ne sont pas toujours visibles car il n’y a pas forcément de commotion mais ils provoquent des petites hémorragies qui se résorbent. Un jour, une artère peut se rompre ou alors, au bout de plusieurs années, le cerveau devient comme un morceau de Roquefort avec de sérieux risques d’encéphalopathies graves.

Pourquoi ce sport évolue-t-il ainsi ? - C’est le problème du haut niveau et le symptôme de notre société qui sacrifie une majorité d’enfants pour en extraire une infime élite. C’est pareil dans les études. La compétition est poussée à l’extrême. Il y a beaucoup de casse, de suicides. C’est le reflet de notre culture. Tout le monde est responsable. Tout le monde est complice. Les spectateurs aiment voir des super champions de 120 kg qui courent le 100 m en 11’’.

Cela peut-il changer ? - Je crois que l’évolution se fait par catastrophes, qu’elle soit biologique, sociale ou sportive. On ne change que lorsque l’on y est contraint. Aujourd’hui, on court à la catastrophe. Les pays nordiques l’ont compris et commencent à ralentir le mouvement, dans tous les domaines. Je pense que nous allons évoluer vers ça. Et le rugby avec. Le sport est nécessaire à la santé mais le sport de haut niveau vaut-il autant de sacrifices ?.. source: Olivier François - leparisien