Amiante : un nouveau combat contre l'anxiété
Photo : E. E.
Henri Tite-Grès, président de la mutuelle de la Méditerranée, explique à des anciens des chantiers les procédures à suivre pour demander réparation au titre du « préjudice d'anxiété
La mutuelle de la Méditerranée ouvre un nouveau front dans la bataille contre l'amiante.
Le 19 janvier dernier, le conseil des prud'hommes d'Albi a reconnu, pour la première fois, « un préjudice d'anxiété » aux ex-salariés de la société Eternit à Terssac (Tarn) pour leur exposition à l'amiante, un risque mortel. L'entreprise a été condamnée à verser 6 000 euros à chacun des 21 salariés à titre d'indemnisation. « Le préjudice d'anxiété s'adresse à ceux qui ne sont pas atteints de maladie professionnelle et qui ne sont pas partis en préretraite amiante », précise Henri Tite-Grès.
Fort de ce jugement, le président de la mutuelle s'est lancé dans la constitution de nouveaux dossiers amiante. Henri Tite-Grès estime à 500 le nombre de personnes, anciens des chantiers ou employés d'entreprises sous-traitantes, qui pourraient être concernées (1).
Permanence ouverte le vendredi matin
Une permanence a été ouverte les vendredis matin de 9 à 11 h au siège de la mutuelle à La Seyne.
Hier, une trentaine de personnes est venue retirer des dossiers. « Il faut comprendre l'inquiétude des gens exposés. Ils peuvent craindre le pire. Demain, ils ne savent pas s'ils seront malades ou pas. Cette incertitude peut provoquer un sentiment de peur ou d'impuissance », explique le président de la mutuelle qui se bat depuis des années pour les anciens des chantiers.
Henri Tite-Grès se donne un mois pour rassembler assez de dossiers. « Il faut que vous remplissiez ce document, il me faut votre certificat de travail de la Normed, une copie de votre carte d'identité, mais j'ai également besoin de deux attestations de salariés pour l'exposition et pour l'anxiété », détaille Henri Tite-Grès à un ancien tuyauteur, chef d'atelier, et dessinateur venu récupérer les papiers à remplir.
« On se dit que demain ça peut être notre tour »
« L'amiante, ça travaille tout le monde. Quand on regarde les avis de décès dans le journal, on se dit que demain ça peut être notre tour », explique le président de la mutuelle à ces personnes qui ont « la chance » de ne pas être malades. « On doit le faire. Ne serait-ce que par solidarité envers nos collègues partis », témoigne un des anciens. Les premiers dossiers devraient être déposés au conseil des prud'hommes de Toulon dans deux ou trois mois.
1 - Plus de 90 métiers sont concernés (les travaux de bord, de coque et d'ateliers). En revanche, les personnels administratifs ne peuvent y prétendre
source: Olivier Marino - var matin