Ce livre était sur ma table de chevet depuis quelques mois. Je m'étais promis de le lire rapidement car j'avais préssentie la valeur de son contenu. Les nouveautés se sont accumulées, les mois ont passé et je n'ai ouvert ce livre que la semaine dernière, je l'ai lu en quelques jours et je dois avouer qu'il m'a totalement bouleversée. Voici donc, ci-après ma chronique qui j'espère traduira fidèlement ce que j'ai ressenti à sa lecture.
Mika Gilmore est né en 1951 à Portland, Orégon. Il est le frère cadet de Gary Gilmore, le tristement célèbre assassin qui fut condamné à mort en 1976, puis fusillé peu de temps après, à sa demande. Cet homme a refusé les reports de jugement, l'aide d'avocats ou clémence des jurés, car il avait décidé d'en finir avec la descente aux enfers que constituait sa vie. Norman Mailer lui a consacré un livre : " Le chant du bourreau" qui lui valu le prix Pullizer.
Quelques années plus tard, rongé par une culpabilité chronique, Mikal Gilmore tente d'apprivoiser ses démons en fouillant le passé des siens. S'éforcant par là, de débusquer les racines du mal, les comprendre et faire le deuil d'une famille, aujourd'hui totalement disparue ou presque. D'assumer le lourd fardeau qu'il a reçu pour héritage et ainsi d'apaiser ses souffrances et son désarroi face au destin hors du commun qui lui été donné de vivre.
Après une description minutieuse des origines de la famille de sa mère Bessie, des mormons de l'Utah puis de son père Frank, qui serait peut-être le fils caché du célèbre magicien Houdini, Mikal entre dans le vif du sujet. Ses parents se marie donc, la naissance des trois premiers garçons survient peu après. Le père, un homme totalement instable et escroc notoire, ne reste jamais très longtemps au même endroit, entrainant à chaque fois, femmes et enfants, sillonnant ainsi les Etats unis. Les disputes sont quotidiennes entre ses parents, l'argent manque, l'alcoolisme du père n'arrange pas les choses. Les raclées pleuvent sur les enfants, sur la mère. L'autodestruction de la cellule familiale vue de l'intérieur, les tourments de la mère, les enfants qui deviennent des durs à cuir et Gary qui entre dans l'adolescence en maisons de redressements. La naissance de Mikal que le père couvre étrangement d'un amour excessif et exclusif au dépend de ses autres enfants. Et le lent anéantissement d' êtres qui n'ont connu que la violence et la fureur comme moyen de communication. D'une famille liée malgré tout par l'amour mais qui n'en témoigne que l'inverse.
Il est difficile de sortir indemne d'un tel livre, tout d'abord parce que Mikal Gilmore parvient à nous captiver de son écriture poignante. Chaques mots est à sa place, chaques sentiments décortiqués, analysés, chaques actes décryptés. Rien n'est en trop, tout sonne d'un justesse impartiale, c'est pourquoi ce livre est émouvant, saississant. Et aussi parce que le cri du coeur de cet homme, habité tantôt par la rage, le désespoir mais aussi par la foi et surtout par le courage résonne d'une humanité profonde. Mika Gilmore, ou la recherche d'une rédemption vouée aux souvenirs.
