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Nicky
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Date du message : vendredi 9 mai 2014 à 11h29


ADN: des chercheurs créent le premier organisme vivant semi-synthétique


Des chercheurs américains ont créé le premier organisme vivant semi-synthétique
(Image: Ho - AFP)
Des scientifiques américains ont réussi à créer le premier organisme vivant semi-synthétique en modifiant son ADN. Ils sont parvenus à ajouter des "molécules de bases" à celles traditionnellement contenues dans l'ADN de tous les êtres vivants

C'est une découverte qui risque de bouleverser la science. Une équipe américaine a créé le premier organisme vivant semi-synthétique en modifiant son ADN.

Il faut savoir que l'information génétique de tous les êtres vivants est écrite dans leur ADN. Cette information est inscrite sous la forme d'un enchaînement de quatre molécules de base, ou "lettres", qui constituent l'alphabet du vivant: l'adénine (A), la thymine (T), la guanine (G) et la cytosine (C).

Une équipe de chercheurs américains a réussi à ajouter de nouvelles lettres à cet "alphabet de la vie" et a réussi à les faire se répliquer au sein de plusieurs générations de bactérie.

"Seulement deux paires de bases d'ADN, A-T et C-G, codent toute la diversité de la vie sur Terre. Ce que nous avons fait, c'est un organisme qui contient de façon stable ces deux paires de bases, plus une troisième paire, qui n'existe pas naturellement", a expliqué le Pr Floyd Romesberg, qui a dirigé les recherches.

Des tentatives depuis la fin des années 90

Dans la structure en double hélice de l'ADN découverte il y a 60 ans par Watson et Crick, les lettres sont en effet organisées en deux paires: A-T et C-G. L'idée d'enrichir cet alphabet existe depuis longtemps.

L'équipe conduite par Floyd Romesberg (Institut de recherche Scripps, La Jolla, Etats-Unis) travaille sur le sujet depuis la fin des années 90. Mercredi, le professeur a expliqué dans Nature que son équipe était enfin arrivée à ses fins.

Les scientifiques ont d'abord développé une nouvelle paire de bases à partir de deux molécules appelées d5SICSTP et dNaMTP. Ils ont ensuite synthétisé un fragment d'ADN circulaire, un plasmide, contenant les deux paires de molécules de bases traditionnelles "A-T" et "C-G" et la troisième, nouvellement et artificiellement créée. Ils l'ont ensuite insérée dans les cellules d'une bactérie Escherichia coli.

A leur grande surprise, ils ont constaté que ces cellules pouvaient répliquer l'ADN semi-synthétique ainsi créé assez correctement. Mais les cellules ne sont pas capables de répliquer l'ADN seules: les scientifiques ont dû leur donner un coup de pouce, en trouvant un "transporteur" -fourni par une espèce de micro-algue- afin d'importer artificiellement les nouveaux blocs de construction moléculaire dans les cellules.

Des applications probables dans les médicaments ou les nanotechnologies

Cette limite devrait rassurer les sceptiques qui craignent l'émergence incontrôlée de nouvelles formes de vie, estiment les chercheurs. Le transporteur agit en effet comme un interrupteur: sans lui, les nouvelles bases disparaissent du génome de la cellule.

"Les tentatives d'étendre l'alphabet génétique remettent en question courageusement l'idée de la nature universelle de l'ADN, et s'exposent potentiellement aux critiques sur la sagesse d'un tel bricolage", souligne Ross Thyer et Jared Ellefson (Université du Texas) dans un éditorial également publié par la revue Nature.

La biologie synthétique pourrait avoir de nombreuses applications intéressantes, selon les chercheurs, comme de nouveaux médicaments ou de nouvelles formes de nanotechnologies.
source: M. K. avec AFP