Fédérale 1, c'est quoi le problème ..?
Sous l'œil de Henri Mondino(au centre) , Thierry Murie (à gauche) a interpellé Didier Retière, le nouveau directeur technique national (à droite) sur l'avenir du rugby amateur
Thierry Murie, président de l’US seynoise, et Didier Retière, nouveau directeur technique national, ont échangé sur les problèmes liés à la plus haute division amateur. Sans tabou ...
Ils se sont salués chaleureusement. Puis, Didier Retière et Thierry Murie se sont assis face à face, entourant Henri Mondino. Le président du Comité Côte d'Azur avait prévenu le nouveau directeur technique national : le patron de l'Union sportive seynoise est un homme qui va droit au but. Une réputation vite confirmée.
D'entrée, Thierry Murie entre dans le vif du sujet. Car le DTN est attendu par Jacques Delmas et bon nombre d'entraîneurs, joueurs, arbitres et anciennes gloires du RCT pour débattre sur l'évolution du poste en première ligne (lire ci-contre), dont il est un éminent spécialiste.
Les formateurs contre les golgoths
Le constat de l'homme fort de l'USS sur la Fédérale 1 et les problèmes liés à la formation est sans concession : « On est un club qui met beaucoup d'argent dans la formation et franchement, pourquoi faire ? Cette division n'autorise plus à former des mecs. Les clubs se limitent à un maximum de 400 licenciés, réduisent les coûts sur la formation et mettent leur pognon sur l'équipe première en recrutant des étrangers à tour de bras. On voit chaque week-end des effectifs qui comptent entre dix et quinze étrangers[…].Moi, je ne recrute que des joueurs de l'agglomération, avec des formateurs de qualité comme Marc de Rougemont ou Patrick Pézery. Mais pour quel résultat ? Face à une telle concurrence, j'ai des doutes sur la survie de l'USS en Fédérale 1. Et dans ce cas, nos 200 000 euros mis dans la formation, pourquoi ne pas les transposer sur des joueurs aguerris ou surpuissants des Tonga ou d'Afrique du Sud ? »
Didier Retière essaye bien de prendre la parole. Mais Thierry Murie enchaîne : « L'USS, c'est trois équipes cadets, deux juniors, 250 gosses à l'école de rugby, 16 licences blanches en équipe une, 22 en Nationale B et 27 en Bélascain. Et pour quoi ? On a touché 600 euros d'indemnités de formation pour Gaël Fickou, qui a joué de 6 à 15 ans chez nous avant de faire deux années de tutorat au RCT. Et face à nous, on a des clubs qui se contentent de huit licences blanches pour recruter des golgoths venus de frontières lointaines qui te défoncent chaque week-end. Dois-je alors continuer sur cette voie ? »
« Les agents font leur business »
Le DTN n'est pas surpris par ces propos. Il connaît le sujet. « C'est une division "fourre-tout" avec des clubs qui ont des ambitions et qui sont pressés. Ils recrutent donc des étrangers ou des joueurs de Pro D2 et même de Top 14.A contrario, les clubs comme l'USS n'ont aucune reconnaissance et risquent même de descendre alors que tu as réalisé deux fois plus que tes obligations. »
Didier Retière s'attaque alors au problème de fond. « La Fédérale 1 est la division qui fait jouer le moins de jeunes et où l'on trouve le plus d'étrangers. C'est là où les agents font leur business. Je suis pour une vraie séparation entre professionnels et amateurs. On pourrait - éventuellement - avoir des contrats pluri-actifs mais pas de contrats pros. On ne peut pas avoir une division avec des budgets multipliés par dix. Sans compter le risque de faire jouer un jeune de 19 ans et qui, le dimanche, est confronté à un pro qui évoluait l'année d'avant en Super 15. Où est la sécurité du joueur là-dedans ? »
Le président seynois rebondit alors sur les escroqueries liées aux joueurs chômeurs et la rémunération en espèces ou sous forme d'indemnités kilométriques totalement abusives. « On n'en parle même pas », soupire l'ex-adjoint de Marc Lièvremont, conscient là aussi du problème.
... @ suivre ...