Christophe Castaner, le Ministre de l'Intérieur en Visite à La Seyne, le 03/05/2019 - Mainte fois annoncée puis annulée, la visite de Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, et de Laurent Nunez, le secrétaire d'État, vendredi à Seyne-sur-Mer et Toulon. Cette visite est d'autant plus attendue qu'elle a été plusieurs fois programmée avant d'être annulée. Notamment à cause du départ de Gérard Colomb de l'Intérieur, puis plus récemment suite à l'incendie de Notre-Dame de Paris. Les élus espèrent donc depuis tellement longtemps qu'ils attendent désormais des engagements concrets face à des trafics de drogue, règlements de comptes, cimes et assassinats.
"La confiance" - Les habitants des quartiers touchés par le trafic de stupéfiants doivent "garder confiance"implore Christophe Castaner. "Nous sommes ici pour soutenir les élus et les habitants, mais aussi pour mettre la pression à nos forces de sécurité et faire ensemble que les acteurs travaillent pour faire reculer le narcotrafic." ... Il présente avec gravité son plan de bataille articulé autour de l’annonce de "l’arrivée de 22 policiers supplémentaires dès le prochain mouvement en septembre. Ils seront affectés aux Quartiers de reconquête républicaine de Toulon et La Seyne. Vingt-deux policiers en plus sur un territoire, ça se voit. Ça change le quotidien de ceux qui souhaitent y vivre en sécurité."
"Depuis 2018, le narco-banditisme veut s’installer dans l’aire toulonnaise. Nous devons l’en empêcher. Notre visite montre que nous avons entendu cet appel et partagé ensemble ces ambitions", a assuré Christophe Castaner vendredi au commissariat central de Toulon ... "C’est un fléau qui mine les familles, qui gangrène les quartiers. C’est un fléau qui nourrit le trafic d’armes, les violences, les règlements de compte. Le trafic de stupéfiants, c’est ce qui subventionne la délinquance et finance le crime. Nous devons y mettre un terme."
Et pendant ce temps,.. les habitants de la cité Berthe ont été ecarté de force de cette visite.
Marc Vuillemot: La Seyne et la métropole ont été entendues par l'État - Les efforts que nous avons déployés avec pugnacité depuis environ deux ans n'auront pas été vains. MM. Castaner et Nuñez, respectivement ministre et secrétaire d'État à l'Intérieur, en visite ce vendredi dans les quartiers populaires vulnérables de notre métropole toulonnaise, ont annoncé des mesures qu'il faudrait être de mauvaise foi de ne pas reconnaître. Elles seront certes probablement insuffisantes, et il faudra sûrement que je reprenne mon bâton de pèlerin pour plaider encore la cause de la sécurité et la quiétude, mais un pas est d'autant plus fait que, acceptant de venir à la rencontre d'habitants et d'associations, les ministres ont pu, une heure durant, à la Maison des services publics de Berthe, entendre la détresse et la terreur exprimées par ceux qui vivent au quotidien la situation infernale que leur impose depuis des mois une nouvelle génération de dangereux narcotrafiquants. Ce seront donc 22 policiers supplémentaires qui viendront, en septembre, renforcer les effectifs des policiers locaux. Contrairement à ce qui avait été envisagé, les 55 départs à la retraite prévus dans l'année seront tous remplacés. Quelques autres agents seront affectés auprès de la police judiciaire et quelques moyens matériels et logistiques viendront aussi améliorer les conditions d'exercice des forces de l'ordre.
DES SOUTIENS LOGISTIQUES EN APPUI AUX MOYENS EN HOMMES - En outre, la stratégie de coopération entre police d'intervention et police judiciaire, qui a été imaginée et mise en œuvre à grand renfort de moyens à l'occasion d'une vaste opération menée il y a une quinzaine de jours, sera confortée en vue même d'une possible généralisation à l'ensemble du pays. Sous l'égide conjointe du préfet et du procureur de la République, la coopération des services a ainsi permis d'arrêter et déférer à la justice tous les chefs d'un réseau, et de réaliser d'importantes saisies de drogue, d'armes et d'argent. Chacun sait hélas que d'autres trafiquants viennent presque aussitôt prendre la place de ceux qui ont été interpellés, mais, grâce à une amélioration annoncée des moyens d'information et de signalement, les effectifs supplémentaires obtenus permettront d'intervenir dès l'installation d'un nouveau réseau et, espérons le, de mener la vie rude au narcobanditisme.
DES ENGAGEMENTS À TRADUIRE EN ACTES - Je veux croire que les engagements pris seront tenus. Bien sûr, ils l'ont été par un ministre pris le doigt dans le pot de confiture du mensonge à propos des tout récents événements du 1er mai à l'hôpital parisien de la Pitié, ce qui, en période de crise sociale rude, fait pour le moins mauvais effet. Mais, après avoir estimé et exprimé que M. Castaner devait mûrir l'idée de rendre son tablier pour ne pas nuire à l'image d'une République qui ne peut souffrir de mauvaise foi de la part d'un de ses importants acteurs régaliens, je veux bien prendre acte de son repentir formulé publiquement lors de son passage chez nous, face aux nombreux journalistes et parlementaires, maires, cadres de la police et de la justice qui l'accueillaient. Et lui donner crédit pour ses engagements pris et répétés avec solennité.
UNE REGRETTABLE FAUSSE NOTE QUI AURAIT PU TERNIR LA VISITE - Je ne veux pas passer sous silence l'esprit de responsabilité des manifestants qui attendaient le ministre à La Seyne pour lui exprimer leur désapprobation de la manière exagérément violente et sans discernement dont, en divers lieux et en diverses occasions, interviennent les forces de l'ordre face aux mouvements sociaux. Après être allé les saluer car partageant leurs inquiétudes, j'ai tenté d'obtenir qu'ils puissent formuler leurs avis aux représentants du gouvernement et qu'ils ne soient pas repoussés par les policiers loin des lieux de la visite officielle, tout cela en vain face à des fonctionnaires de sécurité disant appliquer « des ordres venus d'en-haut ». Les manifestants, nullement violents, ont pris sur eux d'obéir aux injonctions des policiers leur intimant l'ordre de se retirer. C'est responsable de leur part et il est d'autant plus dommage qu'ils y aient été contraints que les ministres ont par ailleurs fait preuve d'une vraie écoute des habitants. Hormis ce « couac » regrettable, et même s'il reste fort à faire, notamment pour améliorer l'accès à l'emploi, à un logement digne et à des services publics facteurs d'égalité, je me dois d'être objectif et, une fois n'est pas coutume, de reconnaître que la semaine qui vient de s'écouler aura été profitable à La Seyne.
L'ESPOIR D'UNE AMÉLIORATION QUI DÉBORDERA DES QUARTIERS FRAGILES - Après l'annonce de la sélection de notre commune pour bénéficier du nouveau dispositif des « cités éducatives » que j'exposais dans un récent article de mon blog, les engagements pris par l'État pour améliorer la prévention et la répression de la criminalité qui gangrène nos quartiers éclaircissent un peu l'horizon de la reconquête républicaine de nos sites urbains en déshérence. Et donc de tout notre territoire communal et métropolitain car, comme le rappelait à juste titre mon collègue Jean-Pierre Giran, maire d'Hyères, ville qui connaît les mêmes affres de la délinquance que La Seyne, l'amélioration espérée de la situation de nos zones en souffrance rejaillira immanquablement sur tout leur environnement. Comme quoi, même si l'on peut et doit espérer plus et mieux, ceux qui s'évertuent à dénigrer sans cesse l'action patiente, constante et pugnace, coûteuse en temps et en énergie, que nous menons pour obtenir l'attention bienveillante de la puissance publique sur les Seynois, prédisant que mes efforts de conviction seraient vains, auront une fois encore parlé pour ne rien dire ...